Bouteflika à propos des personnes portées « disparues »

Bouteflika à propos des personnes portées « disparues »

« Il faut oublier »

Nefla B., Le jeune Indépendant, 16 septembre 1999

Le président de la République a demandé hier, lors du meeting tenu à la salle Harcha, aux familles de disparus de la tragédie nationale « d’oublier ce qui s’est passé ». « Elli fat mat » a-t-il martelé à l’intention des familles des personnes portées « disparues ».

« Je n’ai aucun intérêt à les garder dans ma poche » a-t-il crié à maintes reprises. Une réponse on ne peut plus cinglante pour un problème qui n’a que trop duré.

Si la démarche du président Bouteflika a réussi à faire asseoir le représentant du Rassemblement pour la Culture et la Démcratie (RCD), M. Nourredine Ait-Hamouda au côté du secrétaire général d’Ennahda, Lahbib Adami, en bon voisinage, elle n’a pas fait de même avec les familles des victimes du terrorisme et celles des disparus.

Avant le début du meeting, hier, une altercation a eu lieu et des accusations ont été échangées entre les deux catégories de victimes de la tragédie nationale. Lors de la première sortie du président de la République à Alger, les familles des personnes portées « disparues » ont tenté pour la énième fois de faire entendre leur voix. Présentes en nombre important, elles n’ont pas arrêter de scander à tue-tête leurs slogans habituels.

Le président invite l’une des représentantes à prendre la parole. Mme Kouidri, vice-présidente de l’association, présente sa requête au nom des 4 051 familles, chiffre qu’elle avance, réclamant le retour des leurs. Interrompue par Mme Flici, elle rétorquera: « Taisez-vous Madame, je vous prie! »

Le réponse du premier magistrat du pays ne s’est pas fait attendre. Il commencera par faire état du cas d’un de ses proches, « disparu » en janvier 1987, disant que jusqu’à présent sa famille n’a pas de nouvelles de lui: « Je suis le premier à être touché par ce problème […], alors, que personne ne vienne nous donner des leçons à ce sujet. »

Très irrité par les turbulences des quelques familles qui ont fait montre d’agitation, le président a qualifié leur comportement « d’irresponsable ». Sur un ton ferme, Bouteflika leur expliquera qu’il n’était pas facile de convaincre les familles des victimes du terrorisme, l’ANP et les forces de sécurité de la justesse de la démarche: « C’est une guerre qui n’a rien laissé. Comment allez vous sortir de cette guerre si vous n’oubliez pas […] La joie ne sera pas atténuée par les larmes de cette honorable dame, et je respecte beaucoup sa douleur. Ne faites pas comme l’Irak et le Koweit qui se brouillent pour une histoire de 600 prisonniers. »

Les familles des personnes portées « disparues » ont obtenu la réponse tant attendue à leur doléance. Il semble bien que pour le président de la République le dossier des disparus est scellé à jamais, comme l’a été celui du FIS dissous.

 

 

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