Rezag Bara : « Le dossier des disparus n’est pas clos »

Conférence de presse du président de l’ONDH

Rezag Bara : « Le dossier des disparus n’est pas clos »

SAÏD R., Liberté, 10 décembre 2000

Le conférencier a confirmé 4 000 cas de disparitions. Les chiffres détaillés seront connus après la remise du rapport au chef de l’État.

L’ONDH a répertorié 4 000 disparus. Tel est le dernier chiffre avancé hier par le président de cette institution, M. Rezag Bara, pour qui d’ailleurs la question des disparitions n’est pas close. Bien au contraire, elle a évolué. Ce responsable, qui reconnaît que, depuis 1993, – et cela a duré longtemps –, il y a eu une sorte d’omerta, dira que l’Observatoire national des droits de l’homme a le mérite d’avoir été le premier à en parler à l’occasion de la visite du panel onusien en Algérie.

En insistant sur le fait que son institution a traité avec précision ce dossier, Rezag Bara dénonce « l’instrumentalisation de ce problème par certains partis politiques et aussi son internationalisation ». Pourtant, un travail colossal a été effectué pour élucider cette problématique. La lumière a été jetée sur beaucoup de cas, précisera le président de l’ONDH, qui soulignera, cependant, qu’en dépit de ses efforts certaines familles, qui ne sont pas satisfaites, continuent à faire dans la contestation.

Pour ce genre de situation, a-t-il affirmé, « des mécanismes judiciaires existent pour aller au fond de la question ».

Seulement, vu la crise que « nous avons vécue depuis des années, nous n’aurons peut-être jamais de réponses à certaines interrogations ». Parmi les disparus, expliquera le président de l’observatoire, il y a ceux qui sont devenus terroristes, d’autres qui sont enlevés par les groupes armés et dont les familles persistent à dire que ces enlèvements sont le fait des services de sécurité. Interrogé justement sur les détails chiffrés de cette question, Rezag Bara dira que la primeur sera réservée au Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à qui un rapport exhaustif sera remis incessamment. Revenant sur le dernier rapport d’Amnesty International, le conférencier soulignera que « nous n’avons pas les mêmes approches » sur la question des droits de l’homme. Amnesty International a fait, en effet, preuve d’ »ingérence dans nos affaires » en demandant l’abrogation d’une loi (la concorde civile, NDLR) qui a été votée par les deux chambres du Parlement et par la majorité du peuple algérien par voie référendaire.

Le président de l’ONDH estime, en effet, que par rapport au registre des droits de l’homme, notre pays est dans « une position excellente ». L’Algérie a ratifié tous les traités concernant cette question comme elle est aussi régulière dans la présentation de ses rapports aux instances internationales, notamment à la commission onusienne.

Tout en affirmant que « la paix dans notre pays est une réalité que nous ressentons tous les jours, mais nous nous devons d’être vigilants », Rezag Bara dénonce le « deux poids deux mesures et la sélectivité dans le traitement de la question des droits de l’homme ».

À cet effet, ajoutera-t-il, « nous revendiquons que la communauté internationale s’éloigne de cette politique ». Pour lui, l’embargo contre l’Irak est « un crime contre l’humanité », ce qui se passe en Palestine aussi.

Abordant le débat en France sur la torture pendant la guerre d’Algérie, le responsable de l’ONDH a salué les intellectuels et humanistes français qui ont dénoncé « cette bête immonde » qu’est la torture. À propos de son institution, le conférencier prévoit un programme de réorganisation qui lui insufflerait un nouveau souffle.

 

 

 

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