Enlèvement à l’aéroport d’Alger-Dar El Beida d’un citoyen algérien le 05 janvier 2006

Enlèvement à l’aéroport d’Alger-Dar El Beida d’un citoyen algérien le 05 janvier 2006

Observatoire des droits de l’homme en Algérie (ODHA), Constantine le 27 janvier 2006.

Monsieur Meziche Naâmane, né le 18 juin 1970 à Paris, citoyen algérien ayant également la nationalité française, marié et père de deux enfants (fille de 3 ans et garçon d’un an et demi), résidant avec sa famille en Allemagne a été enlevé à sa descente d’avion à l’aéroport d’Alger-Dar El Beida le jeudi 05 janvier 2006 à 3 heures du matin par la police et emmené au centre de l’ONRB de Châteauneuf (Ben Aknoun) selon le témoignage de sa famille. Son beau-frère qui l’attendait à l’aéroport, s’inquiétant de sa non apparition à l’arrivée est allé s’enquérir auprès de la police des frontières de l’aéroport. Il a été arrêté à son tour pour interrogatoire après lui avoir saisi ses pièces d’identité. A la fin de l’interrogatoire le beau-frère a été libéré avec restitution de ses pièces d’identité. C’est là qu’il a été informé que Naâmane avait été transféré sur le centre de l’ONRB de Châteauneuf.
Au 2e ou 3e jour, le même beau-frère arrivera à entrer en contact avec Naâmane dans ce dit centre et lui ramènera à manger. Et c’est là que Naâmane entrera en contact téléphoniquement avec sa mère à Constantine pour la rassurer et lui dire qu’il ne s’agissait que de simples formalités administratives et qu’il allait être relâché à la fin de l’interrogatoire.
Quelques jours plus tard des membres de la famille tenteront d’aller lui rendre visite et à leur grand étonnement ils s’entendront répondre que Naâmane avait été transféré vers une destination inconnue par le DRS (police politique). Et à ce jour, 27 janvier, date de notre dernier contact avec la famille, aucune information n’a filtré sur son sort. Naâmane est à son 23e jour de séquestration.
Toujours selon le témoignage de sa famille, Naâmane n’était ni recherché ni condamné par contumace. Pour preuve, il avait pu rentrer en Algérie voir sa mère en août 2005 accompagné de son épouse et de ses deux enfants, sans être inquiété ni à l’entrée ni à la sortie du territoire national.
Sa famille est très inquiète du sort réservé à son fils d’autant plus qu’elle a eu à vivre durant la guerre ayant suivi le coup d’Etat de janvier 1992, comme de nombreuses familles algériennes, un véritable cauchemar.
En effet, Naâmane, au lendemain du coup d’Etat et suite à la terrible vague de répression, avait quitté Constantine en septembre 1992 pour rejoindre l’Allemagne et y s’établir.
Son père, Mouloud, cardiaque, est enlevé à son domicile le 13 janvier 1995 à 1 heure du matin par la sécurité militaire. Sa bijouterie sera dévalisée par les mêmes agents et son véhicule confisqué. Il est porté disparu à ce jour.
Son frère, Rochd, sera enlevé dans la rue par la sécurité militaire le 1er mai 1995 à 15 heures et son véhicule de type 505 sera confisqué. Il rejoindra à son tour la longue liste des disparus.
Son autre frère, Tarek, étudiant, accusé de « terrorisme » sera tué par les services de sécurité en mai 1996.