Yacine Zaïd va porter plainte pour «coups et blessures»
Emprisonné pour «outrage à corps constitué»
Yacine Zaïd va porter plainte pour «coups et blessures»
El Watan, 4 octobre 2012
Yacine Zaïd va porter plainte contre la DGSN pour maltraitance, un certificat médical faisant foi des violences subies.
Maître Dalida Kaci, son avocate, accompagnée de l’épouse du militant, a pu lui rendre visite hier au centre de détention de Ouargla. «Il va mieux, dans la mesure du possible évidemment. Il a même plaisanté en disant qu’il avait l’habitude de cela», explique Me Kaci. «Mais il garde des séquelles corporelles des coups qu’il a reçus. Il a notamment des bleus et des griffures au cou», relate-t-elle. L’avocate projette de déposer cette plainte, aujourd’hui, au tribunal de Ouargla. «C’est lui-même qui a insisté pour que cette action judiciaire soit entreprise.
Le certificat médical, établi à l’issue des visites obligatoires avant son emprisonnement et après sa présentation devant le procureur de la République, stipule que M. Zaïd porte des traces de violences qui, même légères, demeurent des dépassements inadmissibles», déplore-t-elle.
Grâce au dossier d’inculpation et aux témoignages de Yacine Zaïd et de son compagnon, Abdelmalek Aïbek, qui voyageait avec lui et qui a donc assisté à l’arrestation musclée, l’avocate a un tant soit peu reconstitué les circonstances de cette interpellation.
«Le bus dans lequel il se trouvait s’est arrêté à un barrage ; lors des vérifications d’usage, les policiers lui ont demandé de descendre et de les suivre. Ils auraient apparemment reçu une instruction de la Sécurité militaire pour savoir où il se rendait et ce qu’il allait faire à Hassi Messaoud. Mais il semblerait que les agents de l’ordre aient fait de l’excès de zèle. M. Zaïd a été menotté, frappé et a même reçu diverses menaces de la part des policiers.
Il raconte qu’il n’a pas répondu aux provocations, se sachant surveillé et ayant conscience que le moindre geste de travers lui coûterait cher. Il risque la prison ferme, jusqu’à 5 ans», relate Me Kaci. Yacine Zaïd restera en prison jusqu’à lundi prochain, jour de sa comparution devant le juge du tribunal de Ouargla.
Le FFS exige la libération du militant détenu :
A travers un communiqué rendu public mardi soir, le Front des forces socialistes (FFS) dénonce l’arrestation et la maltraitance dont a fait l’objet Yacine Zaïd, lundi dernier, lors de son interpellation par trois policiers au niveau d’un barrage à 10 km de Ouargla.
«Le FFS a appris avec indignation la nouvelle de l’emprisonnement arbitraire et abusif de Yacine Zaïd, blogueur et militant des droits de l’homme, et dénonce cet acte qui s’inscrit dans le processus de répression et de violation des droits de la personne humaine et des libertés individuelles qui continue, en dépit des déclarations du gouvernement et de la levée de l’état d’urgence», ajoute le communiqué.
Et au parti de s’interroger : «Hassi Messaoud sera-t-elle encore une zone interdite pour certaines catégories de citoyens ?» La formation politique «appelle les autorités à libérer immédiatement et sans condition Yacine Zaïd». Enfin, «le FFS est déterminé à accorder un soutien multiforme et sans réserve à tout militant victime de l’arbitraire et de la répression, quels qu’en soient les formes, dans son combat pour les libertés». Mehdi Bsikri
Ghania Lassal