Mohamed Smaïn accuse l’ex-président français Nicolas Sarkozy

Affaire de deux ex-patriotes arrêtés en France

Mohamed Smaïn accuse l’ex-président français Nicolas Sarkozy

Hadjer Guenanfa, TSA, 10 juillet 2012

Mohamed Smaïn, militant algérien des droits de l’Homme, a accusé ce mardi 10 juillet l’ex-président français Nicolas Sarkozy d’être intervenu dans le dossier d’instruction de deux anciens miliciens algériens arrêtés en France. Les deux anciens patriotes « miliciens » se trouvent depuis plus de quatre ans sous contrôle judiciaire à Nimes, dans le sud de la France, explique-t-il. « Ces deux-là, on a eu la chance de les coincer en France, un pays où il y a une justice universelle », explique-t-il avant de poursuivre : « après une longue démarche, des témoignages et un dossier vraiment solide, le juge d’instruction a décidé de les inculper pour acte de barbarie et torture ».
Mais l’affaire traîne en longueur. Elle est passée « par trois juges d’instruction », selon lui. Pour quelle raison ? Mohamed Smaïn assure : « nous avons des preuves sur le fait que l’ancien président de la République française Nicolas Sarkozy, lui-même, s’est immiscé dans cette affaire avec le président Abdelaziz Bouteflika ». M. Smaïn n’a pas donné de détails sur la nature de l’intervention de Sarkozy dans cette affaire, ni sur celle du président Bouteflika. L’ancien vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh), témoin à charge contre les deux ex-patriotes, affirme que cette affaire est en partie derrière son arrestation, le 19 juin dernier.

« Je faisais partie des six témoins en tant que militant des droits de l’Homme chargé de la wilaya de Relizane à l’époque, rappelle-t-il. Mais pour le pouvoir algérien, je suis le responsable dans cette histoire ». « Il y a cinq mois, j’ai reçu la visite d’un colonel de la Sécurité militaire. Il m’a dit : il faut nous aider dans l’affaire de Nîmes en revenant sur votre déclaration et en parlant avec les autres témoins », raconte-t-il. L’ancien vice-président de la Laddh affirme avoir décliné l’offre. « Je n’ai jamais pris un stylo du pouvoir, je n’ai pas bénéficié de logement ou profité d’un prêt. Je lui ai dit que je resterais toujours attaché à mes principes, que je n’avais besoin de rien », insiste-t-il.

Mohamed Smaïn évoque également l’histoire d’un membre d’une famille de disparus, arrêté depuis quatre jours. Il est accusé d’avoir heurté un enfant avec son véhicule. « Celui-ci ne porte pourtant pas de blessures », dit-il. Pour lui, cette arrestation pourrait être expliquée par le fait que la personne en question fait partie des parents de disparus ayant refusé « de prendre de l’argent et de changer leurs déclarations dans lesquelles ils accusent la milice ». Mais à Relizane ,ces familles qui ont perdu leurs proches pendant la décennie noire du terrorisme ne baissent pas les bras. « Un sit-in des familles de disparus est prévu demain », assure-t-il.