LADDH de Relizane: Un sherif au-dessus des lois

LIGUE ALGERIENNE POUR LA DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME
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C O M M U N I Q U E

UN SHERIF AU DESSUS DES LOIS

Assistons nous à la réactivation des années noires, lorsque ceux qui sont payés par l’Etat pour faire respecter les Lois de la République sont les premiers à les bafouer. La dernière d’une longue série d’ arrestations de M Ahmed BENAOUM directeur général du quotidien E-RAY El-AM et de son directeur de publication Ahmed OUKILI par les services de la Police d’Oran la semaine écoulée a dépassé les limites connues jusque là des violations des droits humanitaires planétaires. Après leur interpellation au commissariat central, M. OUKILI qui a voulu s’enquérir sur les motifs de son interpellation a été conduit dans le bureau du premier responsable. La réponse de ce dernier a été aussi rapide que brutale. « Ne cherche pas à savoir pourquoi tu es ici, je suis payé par l’Etat pour emmerder les gens de ton espèce et je tiens à t’informer que les choses ont changé. Hafnaoui Ghoul de Djelfa est en prison ? », sur quoi ordre fût donné de les mettre en cellule séparément.

M. BENAOUM a été isolé dans une geôle réservée à la garde à vue. Quant à M. OUKILI il a été enfermé dans une cellule avec des étrangers africains émigrés clandestins, obligés de se tourner vers le mur quand leur compagnon d’infortune éprouvait le besoin de se soulager. Le deuxième jour il tombait malade et malgré ses appels de détresse aucune assistance médicale ne lui a été accordée. Atteint d’une diarrhée chronique la victime a vécu avec ses douleurs sans manger et obligée de boire au dessus du trou d’évacuation faisant office de W.C. Ce calvaire vécu par un responsable connu de la presse a duré plus de quatre jours (le temps de la garde à vue). Entendu comme simple témoin il fut libéré le jour de sa présentation son arrestation n’ayant aucun fondement.

Les premiers ennuis ont commencé à apparaître et les tracasseries à s’exercer sur le Directeur Général du quotidien El-RAÏ et de son directeur de publication lorsqu’ils ont dénoncé les dépassements du Divisionnaire de la police. Sous différents prétextes, durant les années 2003 et 2004, ces derniers furent traînés devant les tribunaux pour des délits provoqués (outrage, conduite en état d’ivresse et autres) ou pour plaintes fabriquées de toutes pièces déposées à leur encontre par des institutions étatiques pour (faux usage de faux, fausse d’énonciation, association de malfaiteurs etc..).

Le responsable de la sûreté de la wilaya d’Oran prend en charge personnellement tout ce qui pourrait être retenu contre ses deux victimes ou autres journalistes du quotidien E-RAÏ. Les interpellations se font le week-end pour une garde à vue de 48 h souvent prolongée, quelque soit le motif de la saisine du parquet. M.BENAOUM et M. OUKILI, victimes de leur devoir d’informer sont pris dans une bataille face à un potentat local, qui s’estime au dessus de toute sanction et en mesure de régler ses comptes dans l’exercice du pouvoir pour briser toute idée de contestation chez ses victimes.

Il serait légitime de s’interroger si le but réel de ces services n’est pas d’organiser le chaos pour faire perdurer une crise qui a ruiné le pays. Cette situation constitue non seulement une humiliation pour le pays, dégradante pour le citoyen, une atteinte à la personnalité des victimes et une torture morale à leur famille. Telle est l’image du pays que veut donner ce responsable. Conscient des risques potentiels qu’une attitude aussi désinvolte et provocatrice comporte pour l’image du Pays, le bureau de la LADDH de Relizane exhorte les Autorités à plus de retenue et d’esprit de responsabilité pour éviter d’exciter des rancunes qui loin d’avoir disparu subsistent toujours à l’état latent.

Responsable du bureau
Mohamed SMAÏN