Le rassemblement du groupe Bezzzef empêché : Les animateurs embarqués par la police
El Watan, 4 mai 2010
Les animateurs du groupe Bezzzef ont choisi le3 mai, Journée internationale de la liberté de la presse, pour dénoncer « le contrôle global de l’information et de l’expression » par le pouvoir, et réclamer « une télévision nationale et non bouteflikienne ».
Ils ont choisi un site « hautement sensible » pour crier leur colère. Ils se sont donné rendez-vous devant le siège de l’Entreprise nationale de la télévision algérienne (ENTV), mais ils se sont retrouvés au commissariat de police du boulevard des Martyrs. Trois des animateurs du groupe Bezzzef, Mustapha Benfodil, Adlane Meddi et Saïd Khatibi ainsi que le président de Rassemblement action et jeunesse (RAJ), Hakim Addad, n’ont pas eu le temps de tenir leur rassemblement pacifique prévu devant le siège de « l’Unique ». A peine arrivés sur les lieux du rassemblement, vers 10h30, la police les a embarqués sous prétexte « d’attroupement illégal ». « Les éléments de la police ont vite remarqué nos tee-shirts floqués de slogan dénonçant le travestissement de l’ENTV et que nous nous apprêtions à distribuer un communiqué aux passants.
Ils ont donc décidé de nous embarquer au commissariat du Boulevard où nous avons passé plus de quatre heures avant de nous relâcher », a expliqué Mustapha Benfodil, non sans dénoncer « le recours systématique du pouvoir à la répression policière pour interdire toute expression et manifestation libre ». Les animateurs du groupe Bezzzef ont subi une autre attaque. « Les comptes facebook des membres fondateurs de Bezzzaf, Mustapha Benfodil, Adlène Meddi, Kamel Daoud et Chawki Amari ont été désactivés. » Une stratégie de hacking pirate « orchestrée par les services de sécurité et perpétrée de nuit montre que le matériel de dernière technologie récemment acquis et visant à contrôler et surveiller les réseaux internet a commencé à être utilisé », a dénoncé le groupe dans un communiqué. Sarah Leah Whitson, Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch a déclaré à ce sujet : « Le blocage même d’un petit rassemblement qui a évoqué plus de pluralisme sur les nouvelles émissions de télévision à propos du triste état des libertés civiles en Algérie ».
Par Hacen Ouali