Une centaine de personnes interpellées lors d’un sit-in contre le « 4eme mandat » à Alger

Une centaine de personnes interpellées lors d’un sit-in contre le « 4eme mandat » à Alger

El Watan, 1er mars 2014

Les forces de sécurité ont arrêté et embarqué pratiquement tous les manifestants. On a commencé à les relâcher vers 15 heures.

Une centaine de personnes se sont rassemblées, ce samedi en face la FAC centrale d’Alger, pour exprimer leur refus à un quatrième mandat du président Bouteflika. « Ni Bouteflika, Ni Toufik », « Algérie libre et démocratique », « 3 mandats ça suffit» ou « pouvoir assassin », ont scandé les manifestants.

09h 50. Les manifestants sont encerclés par un cordon des forces de sécurité et par une grande foule de curieux, visiblement amusés par le spectacle des interpellations qui vient de commencer. Une trentaine de personnes ont été arrêtées et embarquées dans les fourgons de la police. « Il faut que ce pouvoir dégage. On nous a volé notre enfance et notre jeunesse. J’ai 31 ans et je déprime », lance une manifestante.

11h00. Les agents de police redoublent d’agressivité. Plusieurs jeunes femmes malmenées. Les journalistes et les photographes de presse n’échappent pas à la brutalité des policiers qui ont poursuivis les derniers manifestants sur le boulevard Didouche Mourad, en allant vers la Place Audin.

Les forces de sécurité ont arrêté et embarqué pratiquement tous les manifestants, soit une centaine de personnes. Elles ont été amenées vers les différents commissariats d’Alger dont celui de Brakai où l’on a transféré 25 personnes, Belfort à El-Harrach et le commissariat de Asslah Hocine à Alger Centre.

Relâchés

La police a commencé à les relâcher vers 15 heures. Certains activistes connus par les services de sécurité ont été interpellés avant même le commencement du sit-in. C’est le cas de Djaafer Kheloufi, un jeune journaliste arrêté au niveau de la Place Audin à 9h du matin. Son seul tort est d’avoir fait partie des initiateurs du sit-in contre le quatrième mandat, tenu la semaine dernière devant l’université de Bouzaréha.

« Ils (les agents de police ndlr ) m’ont dit que tu es récidiviste », a-t-il indiqué dans une déclaration à Elwatan.com. « Mon seul regret est de ne pas avoir pris part au rassemblement d’ajourd’hui », a confié Djaafer Kheloufi, qui a passé six heures au commissariat de l’ex-Cavaignac.

Farouk Djouadi


Les manifestants hostiles au « 4ème mandat » à Alger: « M. Bouteflika, on n’en veut plus ! »

Nejma Rondeleux, Maghreb Emergent, 1er mars 2014

Sur la place Maurice Audin, au centre d’Alger, les quelques dizaines de manifestants ont dû faire face à un cordon de policiers plus nombreux qu’eux. Plusieurs d’entre eux ont été interpellés.

Militants associatifs, militants de partis, journalistes ou simples citoyens, des dizaines de manifestants se sont rassemblés aujourd’hui vers 10 heures sur la rue Didouche Mourad, au centre-ville d’Alger, pour exprimer leur opposition à un quatrième mandat du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. L’appel à ce rassemblement a été lancé par le « Collectif anti-Bouteflika 4 ».

« Quinze ans barakat (ça suffit) », « Bouteflika, dégage ! », ont scandé ces manifestants face à un cordon de policiers plus nombreux qu’eux. « Je suis venue de Bouira par train et à la sortie de la gare, deux fourgons de policiers attendaient déjà les militants », témoigne Cherifa Kheddar, la présidente de l’association Djzaïrouna des victimes du terrorisme : « Les organisateurs du rassemblement, le collectif contre le 4e mandat de Bouteflika, nous avaient conseillé de venir individuellement pour ne pas être embarqués immédiatement. »

Parmi la foule se retrouvaient des militants associatifs et des militants des droits de l’homme habitués à donner de la voix pour dénoncer les dérives du régime. « Je suis venu ce matin, tout d’abord, en raison de l’engagement de mon association (dans cette action, NDLR) et parce que je suis convaincu que ce 4e mandat c’est du n’importe quoi », affirme Djallal, 26 ans, membre de Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) qui se dit prêt à signer de ses dix doigts son adhésion au collectif anti-Bouteflika 4.

« On est pas contre Bouteflika mais on n’en veut plus »

Au milieu des militants associatifs et politiques, de « simples citoyens », comme ils se définissent, se sont déplacés pour exprimer leur opposition à la candidature du chef de l’Etat à un quatrième mandat présidentiel. « Je suis venue d’Aïn Taya (22 km à l’est d’Alger, NDRL) pour dire que je ne suis pas d’accord », déclare une Algérienne d’une quarantaine d’années. « Ce n’est pas que je sois contre Bouteflika mais je n’en veux plus », ajoute-t-elle.

Quelques mètres plus loin, M. Idir, 25 ans, est rentré de Bejaïa (Kabylie) à Alger plus tôt qu’habituellement pour assister au rassemblement. « Le Président n’est pas en bonne santé pour diriger l’Algérie mais le problème c’est : où est la Constitution », affirme ce pharmacien qui se dit « marxiste » et qui boycottera l’élection présidentielle du 17 avril prochain. « On ne peut pas voter en Algérie car il n’y a pas de vote transparent », tranche-t-il.

Des manifestations contre la candidature du président Bouteflika à un quatrième mandat ont également eu lieu à Bouira et Constantine.