Ouargla: Les détenus entament une grève de la faim
Mouvement citoyen du Sud
Les détenus entament une grève de la faim
Le Matin, 27 juin 2004
Les huit délégués du mouvement citoyen du Sud, détenus à la prison de Ouargla depuis le 5 juin dernier, entament aujourd’hui une grève de la faim. « Ils veulent, par cette action extrême, attirer l’attention du gouvernement, de l’opinion nationale et des défenseurs des droits de l’Homme sur leur emprisonnement qu’ils jugent injustifié », nous a affirmé hier le parent d’un détenu. Information que nous a confirmée l’avocat qui leur a rendu visite à la prison hier matin. Le recours à la grève de la faim inquiète les familles des détenus qui craignent le pire. « Nous les connaissons, ils ne décident jamais d’une action sans en mesurer toutes les conséquences. S’ils entament la grève de la faim, ils iront jusqu’au bout. On craint pour eux, il faut savoir que c’est l’isolement qui les attend et qu’à Ouargla en ce moment, il fait très chaud, la température peut atteindre les 50 degrés à l’ombre », fait remarquer le frère d’un détenu qui précise que le recours à la grève de la faim n’a pas été évoqué par le passé. « Ils ont préféré laisser les choses se faire normalement car convaincus de n’avoir rien fait de mal. Ils pensaient sincèrement qu’ils allaient être libérés après l’appel introduit à propos du mandat de dépôt. Le maintien de la détention préventive prononcée lundi dernier par la chambre d’accusation du tribunal de Ouargla leur a fait admettre l’évidence : ils sont en prison pour des raisons politiques. » Le maintien du mandat de dépôt des huit détenus, et le silence de toutes les autorités qu’ils ont saisies ont conduit les délégués à organiser une réunion le week-end dernier pour arrêter d’autres démarches pour la libération de leurs camarades.
A l’issue d’un conclave qui s’est déroulé à Ouargla, le Mouvement citoyen des enfants du Sud pour la justice (MSJ) a rendu public un communiqué dans lequel il dénonce, une fois encore, l’arrestation injustifiée des deux délégués d’El Bayadh et des six délégués de Ouargla. Ils estiment que l’interpellation et la mise sous mandat de dépôt de Hafnaoui Ben Ameur Ghoul, porte-parole du mouvement incarcéré à Djelfa, celles entre autres de Termoun Abdesselam, porte-parole par intérim, Termoun Taieb, Bensaci Zoubir, délégués de Ouargla, et de Larbi Tahar et Tahri Slimane, délégués de Labiodh Sidi Cheikh, tous incarcérés à la prison de Ouargla, sont « arbitraires et constituent une dangereuse atteinte aux libertés et une entrave au processus démocratique en Algérie ». Pour rappel, les huit délégués sont à la prison de Ouargla depuis près d’un mois aux motifs suivants : « Associations de malfaiteurs, activité dans le cadre d’une association non agréée et distribution de tracts portant atteinte à la sûreté de l’Etat. » A l’occasion, le mouvement affirme « que l’emprisonnement des délégués est une affaire politique qui doit être solutionnée par une décision politique ». Ils considèrent que l’argument juridique avancé pour interpeller et emprisonner les délégués « est une manière d’utiliser la justice pour brimer les libertés ». Le mouvement s’indigne des condamnations prononcées à l’encontre de Hafnaoui Ghoul et aussi de celles prononcées à l’encontre des émeutiers de Bladat Amar. Une localité de Ouargla « qui a vécu des émeutes ayant conduit à la mort d’un citoyen et la cécité d’un autre, actuellement en détention ».
Le communiqué souligne aussi « la position courageuse des aârouch de Kabylie, solidaires du mouvement citoyen du Sud ». Le mouvement citoyen du Sud félicite la presse indépendante pour son combat courageux pour les libertés et dénonce la condamnation de Mohamed Benchicou. Par ce communiqué, le mouvement dit vouloir attirer l’attention des associations des droits de l’homme, des personnalités politiques « qui croient en la démocratie » et les appelle à intervenir pour la libération des détenus du Sud.
Saïda Azzouz