Détenus du mouvement citoyen du Sud en grève de la faim

Détenus du mouvement citoyen du Sud en grève de la faim

Trois grévistes en danger

De notre envoyée spéciale à Ouargla : Saïda Azzouz, Le Matin, 7 juillet 2004

L’état de santé de trois des huit détenus du mouvement citoyen du Sud, incarcérés à la prison d’Ouargla depuis le 6 juin dernier et en grève de la faim depuis le 26 du même mois, est des plus inquiétants. « Je viens de les voir et je m’inquiète sérieusement pour Bensaci Zoubir, Tahri Slimane et Larbi Tahar qui sont physiquement très affaiblis, conséquence de la grève de la faim qu’ils ont entamée il y a dix jours », nous a affirmé hier, en fin de matinée, à sa sortie de la prison d’Ouargla, Me Ahmime Nourreddine qui venait de rendre visite aux détenus. L’avocat n’a pas caché son appréhension des suites catastrophiques de cette grève de la faim si elle venait à perdurer. Il nous a également fait part de sa déception de ne pas avoir réussi à convaincre les détenus d’arrêter cette action de protestation. « En tant qu’avocat et compte tenu de leur état physique des plus alarmants, il était de mon devoir d’essayer de les persuader d’arrêter leur grève de la faim, je ne suis malheureusement pas arrivé à ébranler leur conviction. Maintenant, je vais essayer de voir avec d’autres confrères comment on pourrait faire pour faire accélérer la procédure judiciaire et éventuellement obtenir la liberté provisoire. » Pour maître Ahmime, il est important et urgent que les autorités judiciaires montrent des signes d’apaisement si l’on veut éviter une catastrophe. « J’ai discuté, et longuement, avec ces jeunes, ils savent exactement ce qu’ils veulent. Pour eux, le recours à la grève de la faim est le seul moyen pour se faire entendre, ils sont donc prêts à aller jusqu’au bout. » L’avocat des détenus, dont le nombre est passé de huit à onze depuis la mise en détention préventive samedi dernier de trois autres délégués du mouvement citoyen d’Ouargla, nous a également indiqué, à l’issue de son entrevue avec le juge d’instruction près le tribunal d’Ouargla, en charge de l’affaire, que le dossier est toujours en instruction. Par conséquent, la date du procès des détenus du mouvement citoyen n’est pas encore arrêtée.
Pour rappel, les six délégués d’Ouargla et les deux de Labiodh Sid Cheikh sont en prison depuis un mois, ils sont accusés d’« association de malfaiteurs ».
Une accusation qui relève de la criminelle, nous précise l’avocat. La chambre d’accusation de la cour d’Ouargla avait rejeté l’appel fait aux mandats de dépôt.
S. A.