Le Directeur juridique d’Alkarama détenu en Italie sur la base d’un mandat d’arrêt algérien
Alkarama, 21 aôut 2015
Les autorités italiennes détiennent actuellement le Directeur juridique d’Alkarama, Rachid Mesli, dans la prison italienne d’Aoste. Maître Mesli a été arrêté à la frontière italo-suisse le mercredi 19 août 2015 sur la base d’un mandat d’arrêt délivré par les autorités algériennes en avril 2002, affirmant qu’il avait eu « des contacts avec des terroristes en Algérie » et était « membre d’un groupe terroriste opérant hors d’Algérie ». Alkarama déplore l’arrestation, pour des motifs politiques, de son directeur juridique, et en particulier le rôle joué par Interpol dans tout cela.
Me Mesli a été arrêté vers 10h du matin au poste frontière italo-suisse du tunnel du Grand-Saint-Bernard, dans la vallée d’Aoste où il allait en vacances avec sa femme et son fils de 14 ans. Après avoir vérifié leurs documents d’identité et soigneusement fouillé leur voiture, la police italienne a contacté les polices suisse et française pour une vérification de ses antécédents, qui n’a révélé aucune irrégularité. Ils ont ensuite contacté Interpol, après quoi ils ont emmené Me Mesli au commissariat d’Aoste, à 30 km, avec sa femme et son fils les suivant dans leur véhicule escorté par une autre voiture de police. A 18h45, le commissaire d’Aoste a informé Me Mesli qu’il avait été arrêté sur la base d’un mandat algérien, et que le Tribunal de Turin allait se pencher sur la question. Me Mesli est encore détenu à Aoste et n’a pas encore été entendu par un juge.
« Les accusations portées contre Rachid Mesli sont ridicules », s’exclame Mourad Dhina, Directeur exécutif d’Alkarama. Selon le mandat d’arrêt, Me Mesli a été accusé en 2002 de « fournir des informations téléphoniques sur les mouvements des groupes terroristes », ainsi que de « tenter d’approvisionner des groupes terroristes avec des caméras et des téléphones », déformant son travail en tant qu’avocat des droits de l’homme, en contact continu avec les victimes de graves violations des droits de l’homme et leurs familles.
Nous rappelons que de nombreuses ONGs, telle que Fair Trials International, ont critiqué Interpol pour ne pas effectuer de contrôles sérieux sur les mandats d’arrêt, qui sont clairement fondés sur des considérations politiques, une disposition qui est contraire à l’article 3 du Statut d’Interpol, qui stipule que « [t]oute activité ou intervention dans des questions ou affaires présentant un caractère politique, militaire, religieux ou racial est rigoureusement interdite à l’organisation ».
Alkarama suit la situation de très près, et appelle à la libération immédiate de Rachid Mesli. Alkarama demande également aux organismes internationaux, tels qu’Interpol, ainsi qu’aux gouvernements européens de ne pas tomber dans le jeu des accusations fabriquées initiées par les gouvernements notoirement connus pour violer les droits de l’homme.
A propos de Rachid Mesli
Rachid Mesli est un avocat et militant des droits de l’homme algérien vivant à Genève et travaillant comme Directeur du Département juridique d’Alkarama.
Le 31 juillet 1996, il a été enlevé par quatre membres des forces de sécurité. Il a ensuite été détenu au secret pendant plus d’une semaine, battu à plusieurs reprises et menacé de mort, avant d’être finalement inculpé d’appartenance à un groupe terroriste. En juillet 1997, il a été acquitté et à la place accusé d’avoir « encouragé le terrorisme », une accusation qui n’avait pas été portée contre lui au cours du procès et contre laquelle il n’a pas eu l’occasion de se défendre. Amnesty International a déclaré que le procès avait « clairement violé les normes internationales d’équité des procès ». En 2000, craignant pour sa sécurité et celle de sa famille, il a quitté le pays pour vivre en Suisse où il a obtenu l’asile politique. Le 6 avril 2002, un mandat d’arrêt international a été délivré contre Me Mesli pour « appartenance à un groupe terroriste », et il a plus tard été condamné à 20 ans de prison par contumace pour ces motifs.
Rachid Mesli est co-fondateur d’Alkarama et membre d’Amnesty International Suisse.
Media Information
Pour plus d’informations ou une interview, veuillez contacter la Coordinatrice du Département Communication d’Alkarama, Colombe Vergès, au Tel : +41 22 734 1008 – Port : +41 79 129 79 15 ([email protected]).