Détenus de Labiodh Sid Cheikh: La LADH condamne

DÉTENUS DE LABIODH SID CHEIKH

La LADH condamne

El Watan, 23 novembre 2003

Le président de la Ligue algérienne des droits de l’homme, Me Boudjemaâ Ghechir, a dénoncé hier l’incarcération du journaliste et de six membres du mouvement citoyen à El Bayadh. Pour lui, ces derniers ont été victimes de la mafia locale. Me Boudjemaâ Ghechir a dénoncé hier la condamnation et l’ incarcération du journaliste Hassan Bouras, correspondant du journal régional de l’Ouest El Djazaïri, et de six membres du mouvement citoyen de Labiodh Sid Cheikh, wilaya d’El Bayadh.

Dans une déclaration, le président de la Ligue des droits de l’homme a exprimé le «soutien total» de son organisation en exigeant leur libération « immédiate et inconditionnelle». Me Boudjemaâ Ghechir a précisé que le correspondant Hassan Bouras et les six membres du mouvement citoyen ont «été victimes des pratiques mafieuses des services de sécurité et de la justice de la ville d’El Bayadh et de Labiodh Sid Cheikh». Dans ces régions reculées, a ajouté Me Boudjemaâ Ghechir, «les atteintes» aux droits de l’ homme «sont quotidiennes du fait de l’impunité de la mafia locale». L’avocat a exprimé la solidarité de sa ligue avec le journaliste incarcéré depuis 20 jours et avec les six membres du mouvement citoyen, détenus à la prison de Labiodh Sid Cheïkh, à El Bayadh, depuis le 4 octobre dernier et dont le procès est prévu pour demain. Du côté de notre confrère Hassan Bouras, la famille a réitéré hier son appel aux autorités judiciaires pour «une libération rapide afin qu’il puisse passer la fête de l’Aïd avec ses proches». Hassan Bouras avait été condamné à 2 ans de prison ferme et à une interdiction de 5 ans d’exercer le métier de journaliste par le tribunal d’ El Bayadh à la suite d’une plainte pour diffamation. L’action a été déclenchée après la publication d’un article de presse, paru dans les colonnes de son journal El Djazaïri, faisant état d’une affaire de corruption et de faux, dans laquelle le procureur général d’El Bayadh « serait impliqué». De la prison d’El Bayadh, le journaliste a été transféré vers celle de Saïda dans un état de faiblesse avancé dû à une grève de la faim qu’il a entamée dès son incarcération pour protester contre sa condamnation. Selon ses proches, Bouras a été «victime de la mafia locale qu ’ il citait à chaque fois dans ses écrits. Il avait déjà été agressé physiquement en pleine rue devant de nombreux témoins par des individus connus à El Bayadh. Une agression qui lui a valu plusieurs jours d’ incapacité. Il avait alors déposé plainte et après identification des auteurs et leur confrontation, ils ont été convoqués par le procureur qui les a mis en liberté provisoire. La victime s’est retrouvée quelques jours plus tard en prison, ce qui relève de l’arbitraire…» Au domicile du journaliste, un mouvement incessant de lecteurs, simples citoyens et militants de partis politiques venus témoigner leur solidarité se poursuit, alors que du côté de la corporation, la pétition exigeant sa libération a é té signée par des dizaines de journalistes. A signaler que c’est le premier journaliste que la justice algérienne met en prison pour ses écrits depuis l ’ amendement du Code pénal, notamment dans ses articles liés à la diffamation et dont les sanctions ont été alourdies. L’Algérie reste l’un des rares pays qui continue à pénaliser les délits de presse en dépit des discours officiels en faveur de la liberté de la presse.

Par Salima Tlemçani