Dix jeunes arrêtés pour avoir empêché le vote à Takerboust :Sous mandat de dépôt depuis trois mois

Dix jeunes arrêtés pour avoir empêché le vote à Takerboust (Bouira)

Sous mandat de dépôt depuis trois mois

El Watan, 14 mars 2013

Cette mesure judiciaire a dépassé la durée légale de 45 jours. Les avocats et les familles des jeunes détenus réclament leur libération.

Dix jeunes du village de Takerboust, dans la commune d’Aghbalou (Bouira), croupissent en prison depuis trois mois. Ils sont sous mandat de dépôt. Leur tort est d’avoir empêché la tenue de la campagne électorale et l’opération de vote lors du scrutin local du 28 novembre 2012. Les élections passées, le juge d’instruction les a convoqués, avant de les placer sous mandat de dépôt qui dépasse la durée légale de 45 jours. L’affaire est passée sous silence.

Aujourd’hui, leurs familles ainsi que le collectif d’avocats exigent leur libération, «car ces jeunes, maintenus illégalement en détention, n’ont commis aucun crime. Ils ont exigé, bien avant les élections, de la transparence dans la gestion des affaires de leur commune. Mais personne n’a daigné les écouter», assure un résidant du village. A plusieurs reprises, les habitants ont saisi les autorités locales sur «la mauvaise gestion qui plonge la commune dans une situation intenable». Mais leurs lettres sont restées sans suite. Aucune réaction, ni les élus locaux ni les partis politiques n’ont réagi. Maître Mokrane Aït Larbi brise le silence et prend l’affaire en charge avec un collectif d’avocats. Il estime «illégale la mise sous mandat de dépôt de ces jeunes.

Le juge pouvait bien les convoquer et les juger au lieu de les placer indéfiniment en mandat de dépôt».
Les détenus seront jugés en criminelle. Ils risquent des peines de prison lourdes. Me Aït Larbi s’interroge sur le fait que d’autres régions du pays ont connu des perturbations lors des élections locales du 28 novembre, mais sans que personne ne soit poursuivi. Pour l’avocat, les jeunes du village de Takerboust «n’ont fait qu’exprimer de manière civilisée leur refus d’une mauvaise gestion des affaires de la cité. C’est un geste citoyen». Le procès des jeunes détenus n’est pas encore fixé. Ils risquent de voir leur détention «provisoire» perdurer.
Hacen Ouali