La famille de Ghoul empêchée de lui rendre visite
CROYANT A L’HOSPITALISATION DE HAFNAOUI GHOUL
La famille du détenu empêchée de lui rendre visite
Le Soir d’Algérie, 4 septembre 2004
La famille de Hafnaoui Ghoul a été empêchée de le voir le jour de la visite aux détenus par l’administration de la prison de Djelfa où il est incarcéré depuis le 24 mai dernier.
Ayant appris par une source émanant de la prison que le détenu avait été transféré dans un état grave à l’hôpital réservé aux détenus, les membres de la famille de Hafnaoui Ghoul n’ont pu s’informer ni auprès de l’administration carcérale, ni par la direction de l’hôpital qui les ont même invités à attendre le prochain jour de visite ou un autre procès. Journaliste-correspondant de presse, militant des droits de l’Homme, représentant local de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) et porte-parole du Mouvement des fils du Sud, Hafnaoui Ghoul, jugé pour diffamation, avait été incarcéré le 24 mai 2004 pour avoir dénoncé des malversations, le clientélisme et la corruption au niveau local. Condamné par la suite à deux fois, il a été condamné au total à huit mois de prison et à plus d’un million de dinars de dommages et intérêts suite à une vingtaine de plaintes pour outrage et diffamation émanant du wali et de l’exécutif de Djelfa. Le 29 août, la présidente de la Cour d’appel de Djelfa avait confirmé le jugement prononcé en première instance le 2 août dernier par le tribunal de cette ville. Un jugement condamnant Hafnaoui Ghoul à deux mois de prison ferme et à 2000 dinars d’amende pour avoir écrit une lettre à sa fille en dehors des voies réglementaires et dans laquelle il décrivait les mauvaises conditions de son incarcération et que ne manquaient pas de rapporter les membres de sa famille quand il leur était permis de lui rendre visite. Ulcéré par ce verdict et en protestation contre le harcèlement judiciaire et cette série de condamnations qu’il a qualifiées de politiques et inspirées selon lui par une volonté de le cibler pour ses écrits, Hafnaoui Ghoul avait entamé le 10 août une grève de la faim durant laquelle il ne se nourrissait que d’eau sucrée. Une grève qu’il a dû néanmoins suspendre le 25 août dernier au regard de la détérioration de son état de santé et sur recommandation médicale. Entre-temps, le collectif de défense du détenu avait fait appel de ce verdict et qui devait être examiné lors de l’audience prévue le 22 août et qui avait été reportée à la date du 29 août suivant. L’incarcération «arbitraire» de Hafnaoui Ghoul avait été suivie quelques semaines plus tard, soit le 14 juin, par celle du directeur de publication du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou à la prison d’El-Harrach suite à sa condamnation à deux ans de prison ferme dans l’affaire dite des «bons de caisse» et une peine confirmée en appel le 11 août dernier. Des emprisonnements qui ont suscité un large mouvement de désapprobation et l’expression de plusieurs marques de solidarité tant au niveau national qu’à l’étranger à travers notamment la tenue de rassemblements de personnalités de la société civile, partis politiques et de la corporation journalistique et la formation d’un comité citoyen pour la libération des détenus politiques mais aussi une implication poussée de l’opinion internationale et des ONG des droits de l’homme. R. N.