L’affaire de M. Ghoul se présente mal

Maître Ahmin, chargé de la défense de Hafnaoui, à Liberté

“ L’affaire se présente mal”

Par Samia Lokmane Liberté, 9 juin 2004

Dans ce bref entretien, Me Ahmin, un des trois avocats de Hafnaoui Ghoul et représentant de la Laadh, à Laghouat, livre ses impressions sur l’issue du procès. La manipulation de l’instruction dans cette affaire ne présage, selon lui, rien de bon.

Liberté : Maître, comment se présente le procès d’aujourd’hui ?
Me Ahmin : Il se présente mal, compte tenu de l’évolution de la situation et la pression des évènements. Sept représentants du mouvement des archs du Sud, auquel appartient Hafnaoui Ghoul, viennent d’être interpellés. On veut leur coller une affaire criminelle. Par ailleurs, le juge d’instruction vient de prendre deux ordonnances de mise sous mandat de dépôt de mon client à la suite de différentes plaintes. Il est clair qu’on veut le maintenir en prison. Bien entendu, la présence des représentants de la corporation à l’audience est d’un apport très positif, mais ce n’est pas suffisant. Le report du procès s’impose pour nous permettre de revoir notre stratégie de défense. De son côté, la presse doit continuer à exercer sa pression afin de créer un rapport de force positif.

Ne considérez-vous pas que la justice a été instrumentalisée dans cette affaire ?

Il y a plusieurs paliers d’intervention, au niveau du parquet, du juge d’instruction et du juge de fond. Le parquet a correctement joué son rôle. C’est au niveau de l’instruction que ça cloche. à travers l’instruction, la justice a donné des signes d’instrumentalisation. Elle a voulu punir Hafnaoui avant même son jugement, en faisant usage de la détention préventive.
Or, la mise sous mandat de dépôt n’est envisagée que dans des cas précis, lorsque l’inculpé est sans domicile fixe ou est susceptible d’influencer des témoins. Pour sa part, notre client présente toutes les garanties. Pourquoi l’avoir détenu avant le procès? Ce n’est pas normal. Il y a des choses qui ne vont pas.
Lors de la première audition, le juge d’instruction avait montré une grande disponibilité. Il s’est comporté normalement, mais les nouvelles ordonnances qu’il a signées sont inquiétantes.

Une vingtaine de plaintes, du zèle dans l’application de la loi, tout cela confirme la cabale judiciaire…
Il y a une véritable cabale. Cet acharnement tient du fait que mon client est à la fois journaliste et militant des droits de l’Homme. Il dérange doublement le système.

D’aucuns accusent le wali d’être l’initiateur de toutes les plaintes. Qu’en pensez-vous ?
Absolument. Le chef de l’exécutif au niveau de la wilaya est à l’origine de cette affaire, car Hafnaoui Ghoul a dénoncé des faits, dont le scandale des bébés, qui le dérangent au plus haut point.

Le président de la Laddh, Me Ali Yahia Abdenour, assistera-il au procès ?
Il aurait aimé y prendre part. Mais il est âgé et fatigué. Le déplacement serait pénible pour lui.