Hafnaoui Ghoul devant le tribunal de Ouargla

Hafnaoui Ghoul devant le tribunal de Ouargla

La Nouvelle République, 29 septembre 2004

Il ne sera plus jugé par les tribunaux de Djelfa. Il vient d’être destinataire d’une assignation à comparaître en tant que prévenu le 11 octobre prochain au tribunal de Ouargla en compagnie du groupe de citoyens arrêtés qui ont formé le fameux MST (Mouvement du Sud pour la jJustice).
A sa dernière comparution le 26 septembre 2004 à la cour de justice de Djelfa pour quatre affaires, Ghoul au box des accusés, le visage blême, visiblement très fatigué, a répondu présent.
La première affaire l’oppose à l’ex-wali suite à ses déclarations faites à Louisa Hanoune après que son meeting a été chahuté accusant le wali de Djelfa d’être derrière la manipulation des jeunes. A ce moment, il a été filmé et la cassette a été visionné par les magistrats instructeurs lors de la première comparution.
D’ailleurs, la peine était la plus lourde de toutes celles qui étaient prononcées, 6 mois de prison ferme, 50 000 dinars d’amende et 1 500 000 dinars de dommages-intérêts à verser à la victime, les deux parties ayant fait appel.
Devant les nouveaux magistrats, La défense a repris de bout en bout la première plaidoirie en démontrant que les faits se sont déroulés durant la période électorale où des dépassements ont été pardonnés par le président de la République.
D’ailleurs, c’est ce que soutiendront son père et ses frères venus assister au procès. Ils diront en substance que cette déclaration accusant le wali de saboter le meeting de Louisa Hanoune n’a pas été faire au micro.
C’est en tête à tête dans les coulisses que Hafnaoui avait déclaré à Mme Hanoune qui a d’ailleurs réfuté ces propos sur place et disculpé le wali. Son père ajoute que ce sont ces images qui ont attisé la haine du wali. Et son fils cadet de s’écrier : «Où sont Louisa Hanoune et Saïd Sadi ? Ont-ils touché un mot au président pour l’implorer de libérer Ghoul ? Tous ceux qui étaient dans le camps adverse doivent-ils s’attendre à des mesures coercitives ?»
Quand au deuxième dossier, c’est le procureur général qui a interjeté appel. Pour rappel, cette affaire a 24 mois et a opposé Ghoul Hafnaoui aux agents de sécurité de la wilaya qui lui ont confisqué sa pièce d’identité et déposé plainte pour outrage à fonctionnaire en faction. Elle a été jugée en première instance et Ghoul a été relaxé. Ses avocats se sont demandé pourquoi cette affaire ressurgit à cet instant précisément en démontrant que Ghoul Hafnaoui a été une victime et doit bénéficier d’un dédommagement.
Concernant la troisième et avant-dernière affaire, elle concerne un article publié par la rédaction du Matin sur la base d’une déclaration qui a été remise à tous les médias et soutenue par une autre déclaration de la ligue de Ali Yahia Abdenour laquelle a été largement publiée dans tous les journaux. La déclaration signée par le bureau régional de Djelfa de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme dénonçait en substance le harcèlement vécu par Ghoul Hafnaoui et les défenseurs des droits de l’homme.
Ghoul, qui a fait appel du verdict prononcé en première instance, a été condamné à verser une amende de 20 000 dinars.
Tout en démontrant le mécanisme impliquant le commentaire de l’éditeur et disculpant Ghoul Hafnaoui en tant que personne, ses avocats ont souligné que c’est la ligue des droits de l’homme qui a signé le document et qu’elle édite des documents plus graves dans leur contenu, elle qui n’a pas fait l’objet de poursuites judiciaires. Et de se poser la question : «Est-ce parce que Ghoul est le maillon faible ?»
La dernière affaire de la cabale judiciaire de Ghoul Hafnaoui, c’est celle qui l’oppose au maire de M’liliha. Celui-ci, sur déclaration écrite des citoyens, a sorti son arme menaçant un ou plusieurs citoyens. Ghoul ne faisait que reprendre les déclarations écrites au moment de leur publication, soutiennent ses avocats. C’est la liberté de la presse qui est remise en cause. D’ailleurs, le plaignant a démissionné et a été remplacé par son adjoint. Les quatre affaires ont été mises en délibéré pour dimanche prochain.
Cet ultime et dernier procès à Djelfa a coïncidé avec les départs définitifs des magistrats qui géraient les dossiers Ghoul (procureur général et président de la cour) qui ont été remplacés le jour même. Les délibérations auront lieu une semaine plus tard, soit le 3 octobre prochain, tout juste le temps que Ghoul quitte sa cellule soit pour revoir ses enfants en étant libre, soit pour se voir embarqué dans le fourgon cellulaire pour rejoindre les militants du Mouvement du Sud pour la justice, donc passible de l’article 96 du code pénal qui punit la distribution ou la détention de tract ou bulletin de nature à nuire à l’intérêt national, etc. Cette ordonnance a été signée par feu Houari Boumediène que Ghoul Hafnaoui vénère et dont Djelfa organise le colloque cette année ?
Participera-t-il libre à cette rencontre ou suivra-t-il son déroulement de derrière les barreaux ?