Hafnaoui Ghoul: Nouveau mandat de dépôt
HAFNAOUI GHOUL
Nouveau mandat de dépôt
El Watan, 8 juin 2004
Quelle que soit la décision du juge demain, H. Ghoul restera en prison. En effet, le juge d’instruction a ordonné un nouveau mandat de dépôt après l’audition hier du journaliste qui devait répondre aux 13 plaintes émanant de responsables de la wilaya, de la Conservation des forêts, du chef de daïra de Messaâd, des présidents des APC, etc., dont la gestion avait été dénoncée dans un article signé par H. Ghoul et publié le 24 mai dernier, jour de l’arrestation du journaliste. Les menottes aux poignets, ce dernier quittera le tribunal entouré d’un dispositif sécuritaire important. La mine défaite, il aura le temps de s’adresser aux correspondants de la presse locale avant d’être embarqué. «Ecrivez que la justice à Djelfa n’est pas autonome ! La justice est entre les mains de l’administration !» Il a également déclaré qu’un nouveau mandat de dépôt lui a été signifié par le même juge d’instruction qu’il avait cité dans son article du 24 mai. Signalons que le journaliste a été auditionné trois fois en une semaine et des policiers se sont rendus en prison pour l’entendre sur le communiqué relatif au décès des 13 bébés à l’hôpital de Djelfa. Par ailleurs, nous avons appris de source sûre que le procureur général et le président de la cour de Djelfa ont été convoqués dans la journée de dimanche par le ministre de la Justice. La même source a ajouté que cette convocation en urgence avait pour objet l’affaire H. Ghoul, journaliste et représentant de la Ligue pour la défense des droits de l’homme (LADDH) à Djelfa, emprisonné depuis le 24 mai.
Par Nora Benyagoub
La LADDH dénonce l’interdiction de visite
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) dénonce dans un communiqué rendu public hier la mise en détention de Hafnaoui Ghoul, son représentant à Djelfa, prise en «violation de la loi n°01-08 du 26 juin 2001 qui précise que la détention provisoire est une mesure exceptionnelle appliquée aux personnes dont les obligations de contrôle judiciaire sont insuffisantes». «Ce n’est pas le cas de Hafnaoui Ghoul qui possède un domicile fixe, père de famille, journaliste connu, en plus les faits qui lui sont reprochés ne nécessitent pas une telle mesure», indique la ligue. La LADDH s’indigne des mesures d’isolement prises à son encontre en refusant à sa famille depuis le 24 mai, date de son incarcération, un droit fondamental, celui de lui rendre visite. «Ce communiqué du procureur général de la cour de Djelfa, paru dans la presse du mercredi 2 juin concernant de prétendus jugements de condamnation de Hafnaoui Ghoul, et outre le fait qu’il n’a aucun droit de porter sur la place publique des faits qui n’ont aucune relation avec les faits incriminés sont de nature à influencer la justice en violant le principe constitutionnel de la présomption d’innocence et à priver le détenu d’un procès équitable», ajoute la ligue. La LADDH sera représentée au procès de Hafnaoui Ghoul, qui aura lieu le 9 juin 2004, par Me Noureddine Benissad, représentant du bureau national, et d’un collectif d’avocats composé de Noureddine Ahmine, Ahmed Triki, Abdou El Moutaleb Guenane. «La LADDH ne manquera pas d’alerter les opinions publiques nationale et internationale, les ONG et les institutions internationales chargées des droits de l’homme des suites de cette grave dérive», a-t-il ajouté.