«Non à la fermeture des espaces du débat d’idées»
VIVE RÉACTION DU CAFÉ LITTERAIRE DE BÉJAÏA AUX INTERDICTIONS DES CONFÉRENCES-DÉBATS À TIZI OUZOU ET BÉJAÏA
«Non à la fermeture des espaces du débat d’idées»
Le Soir d’Algérie, 22 mars 2017
Dans une déclaration, le Café littéraire de Béjaïa s’est énergiquement élevé contre la série d’interdictions de conférences et rencontres-débats programmées ces derniers jours à Tizi-Ouou et à Béjaïa.
«Le pouvoir montre son vrai visage, après s’être caché derrière une démocratie de façade, il frappe désormais fort et affiche sa ferme volonté à réduire à sa portion congrue tout espace de libre expression en Algérie», écrit le Café littéraire tout en faisant observer que ce sont les rencontres entre l’intellectuel et son public qui dérangent le plus les tenants de l’autoritarisme.
Les rédacteurs de la déclaration notent encore plus loin que se rendant compte que la prolifération de cafés littéraires créant des espaces de débats publics indépendants autour de questions sociétales pourrait relever le niveau culturel et intellectuel des citoyens, «le pouvoir a, sans doute, voulu supprimer progressivement toute tribune d’expression aux intellectuels éveilleurs de conscience».
Dans le même document, les animateurs du Café littéraire n’ont pas manqué d’exprimer leur inquiétude devant le «silence intrigant des écrivains, artistes et partis politiques s’égosillant à se réclamer du camp démocratique» tout en rappelant que c’est ce genre d’espaces même qui leur permet de se ressourcer. «Où sont les défenseurs autoproclamés des droits et libertés ? Pourquoi ces interdictions ne sont-elles pas suivies de réactions à la mesure de leur haute gravité ?», s’interrogent les animateurs du Café littéraire soutenant que «le devoir de chacun est d’abord de manifester sa réelle solidarité avec toute initiative citoyenne victime d’oppression». Et d’ajouter : «Toute entrave à la liberté d’expression, de réunion et de manifestation doit être aussi vigoureusement dénoncée. La société civile ne doit en aucun cas se soumettre au diktat de ceux qui veulent nous gouverner par la peur et la répression. Le déverrouillage des espaces d’expression est l’objectif majeur qui doit inspirer les mobilisations citoyennes unitaires à venir.»
Le Café littéraire de Béjaïa pense qu’il est impératif d’exiger le retour au régime déclaratif pour que puissent s’organiser les activités sans que celles-ci ne soient préalablement soumises à une quelconque autorisation.
Mais, pour cela, a-t-on soutenu, «la société civile doit se décider à se battre pour arracher enfin ce droit imprescriptible».
A. Kersani