Il est temps de dire stop à tous ces dépassements !
Me Noureddine Ahnine. Avocat des prévenus et membre du réseau des avocats pour la défense des droits de l’homme
Il est temps de dire stop à tous ces dépassements !
El Watan, 29 mars 2013
– Les huit prévenus ont déclenché une grève de la faim depuis leur arrestation. Leur situation de santé est-t-elle critique ?
Il faut savoir que la grève de la faim a pris effet depuis aujourd’hui (jeudi, ndlr). Ils n’ont, certes, pas mangé depuis leur arrestation à cause de la mauvaise prise en charge des services de sécurité. Les prévenus ont alors décidé d’observer cette grève, notamment pour protester contre les agents de sécurité qui les ont obligés à enlever leur habit traditionnel de Mozabite.
– Que risquent-ils ?
On leur a attribué plusieurs chefs d’accusation, notamment outrage à corps constitué, à l’emblème national, attroupement, destruction des biens publics… Nous allons étudier dans les détails leur dossier. Les huit personnes placées sous mandat de dépôt ont fait appel. En attendant que la chambre d’accusation tranche, les prévenus resteront en détention jusqu’aux 3 et 9 avril, date prévue des auditions auprès du juge d’instruction.
– Pensez-vous que la situation peut dégénérer dans la mesure où les familles des prévenus menacent d’investir la rue ?
Toutes les hypothèses sont possibles. C’est la responsabilité des autorités. Il est temps de dire stop à tous ces dépassements. L’Etat semble oublier qu’il y a d’autres moyens de gérer la situation à part les moyens sécuritaires.
– Pensez-vous qu’il y a eu violation des droits de l’homme ?
Beaucoup même. C’est encore prématuré de dire ça, car l’affaire est en instruction, mais il faut savoir que certains détenus ont été frappés. Lorsque je leur ai rendu visite à la prison, j’ai vu que certains gardent encore des traces. Ils ont fait objet de violence physique. C’est une violation des droits de l’homme lorsqu’une simple contestation pacifique tourne à la violence. Il faut absolument arrêter ce genre de violation. A quand un Etat de droit et de citoyenneté ?
Nassima Oulebsir