Contestation au sein de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme

Contestation au sein de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme

Flici fortement contestée

par Amel Hadjab , Le jeune Indépendant, 12 novembre 2003

Ce qui devait être la célébration du dixième anniversaire de la création de l’association pour la défense des victimes du terrorisme, qui porte actuellement le nom de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme, s’est transformé en foire d’empoigne.

Près de 200 adhérents au bureau d’Alger de l’ONVT, venus assister à cette journée de commémoration organisée à la salle Rouiched, ont transformé cette rencontre en une grande contestation contre la personne de la secrétaire générale de cette organisation, Mme Flici.

Celle-ci, et selon les cris qui emplissaient la salle, a «trompé» les victimes du terrorisme et a «abusé» de leur confiance. Après deux heures d’attente, passées à la salle qui porte le nom du défunt comique Rouiched, et ce, dans l’espoir de voir leur représentante annoncer le début d’un dénouement pour ses revendications statutaires, l’assistance fut, selon toute apparence, exacerbée et choquée d’entendre Mme Flici lire, en usant très mal de l’arabe classique, un discours «démagogue» qui rappelait le devoir de se souvenir envers ceux qui ont donné leur vie pour lutter contre le terrorisme.

Plusieurs militantes appartenant à cette organisation criaient à perdre haleine, d’autres pleuraient à chaudes larmes leur «dignité bafouée» et leur «confiance dupée». Certaines affirmaient qu’elles luttent contre la faim et que seul le «clan de Flici» a bénéficié de logements et de pensions décentes.

«Les autres et notamment les veuves, mères de familles, ont dû lutter ou concéder quelques droits pour pouvoir décrocher les 8 000 DA octroyés par la wilaya, qu’elles sont, en fin de compte, obligées de partager avec les parents de leur défunt mari».

Tandis que les familles des victimes faisant partie des corps de sécurité continuent à recevoir la paie complète du défunt. Nos interlocutrices affirment, en outre, que si certaines d’entre elles ont pu résister au harcèlement sexuel d’autres n’avaient pas le choix, en voyant que leurs enfants réclamaient nourriture et vêtements.

«Qui peut survivre avec 3 000, 4 000 ou 6 000 DA par mois ?» s’interrogent-elles au paroxysme de leur courroux.Et d’ajouter : «Nous ne voulons pas d’un anniversaire.Nous voulons un statut pour nos victimes pour qu’ils aient la reconnaissance de martyr», s’écriait avec rage Mme Djamila qui a perdu ses deux fils durant la décennie sanglante.

D’autres n’hésitaient pas à scander : «Nous rejetons l’amnistie qui concède tous les droits aux terroristes et occultent les nôtres.C’est nous qui vivons aujourd’hui dans la misère contrairement aux terroristes qui ont bénéficié de l’aide de l’Etat pour vivre décemment».

Les femmes victimes de violences sexuelles, quant à elle, se disent marginalisées et oubliées.Celles-ci n’ont aucun droit à revendiquer et restent livrées à elles-mêmes, alors que la société les a déjà bannies. Pour calmer les esprits, Mme Flici a appelé l’assistance à «tourner le dos aux perturbateurs qui tentent de diviser» son organisation et a annoncé l’augmentation de la pension des civils à 16 000.

Fait que l’assistance qualifie de normal vu que le montant de la pension accordée à ces familles devait, au départ, être le double du SMIG. A.H.