Répression des dernières manifestations : l’étonnante brutalité des forces de l’ordre
Par Radia Touri, TSA, 23 janvier 2016
La semaine qui s’achève aura été agitée à Oued El Ma, dans la wilaya de Batna. Les habitants de cette commune sont sortis manifester à partir de lundi pour dénoncer la marginalisation de leur région et l’absence de projets de développement. Ils ont fait l’objet d’une violente répression de la part des forces de l’ordre, selon plusieurs témoignages. Dans un communiqué publié ce samedi, le Front des forces socialistes (FFS) a notamment dénoncé les « dépassements en gros commis par les forces de sécurité », tels que des « arrestations arbitraires de citoyens, des violations de domiciles et destruction de la propriété privée ».
Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ainsi que l’intervention musclée de ces derniers dans la commune d’Oued El Ma ne sont pas sans rappeler la stratégie agressive utilisée par les forces de l’ordre en réponse au mouvement de protestation des travailleurs de l’usine SNVI de Rouiba en décembre dernier.
Dans les deux cas, l’intervention des forces de l’ordre aura été immédiate et démesurée, en contraste avec ses méthodes habituelles. Car si les forces de l’ordre en Algérie sont traditionnellement et notoirement connues pour leur brutalité, la nouveauté réside dans la façon systématique avec laquelle les forces de l’ordre basculent désormais vers celle-ci.
Cette nouvelle stratégie tranche par exemple avec la façon dont les forces de l’ordre avaient géré les émeutes de 2011. Si la répression avait bien été au rendez-vous, elle avait néanmoins d’abord laissé place à une période d’observation. L’action des forces de l’ordre semblait par ailleurs contenue, elle ne laissait pas transparaître de la nervosité comme c’est le cas actuellement.
Qu’a donc changé entre ces émeutes-là et celles d’Oued El Ma ? Une option probable serait peut être que les autorités semblent vouloir transmettre un message à ceux qui seraient éventuellement tentés de sortir dans les rues. L’action des forces de l’ordre pourrait servir donc de démonstration de force destinée à décourager toute velléité de protestation, au moment où la situation économique s’apprête à s’aggraver en Algérie.