Enlèvement de M. Nourredine Belmouhoub, défenseur des droits de l’homme
Alkarama, 24 Octobre 2011
M. Noureddine Belmouhoub est le porte parole du « Comité de défense des ex-internés des camps de sûreté » (CDICS). Il a été enlevé le 23 octobre 2011 à 11 h en plein centre ville d’Alger par trois individus en civil qui circulaient à bord d’un véhicule banalisé. Sans s’identifier ni donner les raisons de cet agissement, ils l’ont contraint de monter à bord de leur véhicule et se sont rendus vers une destination inconnue.
Il s’agit du modus opérandi habituel des services du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) lors des arrestations ou enlèvements suivis de détention au secret dans leurs locaux.
M. Belmouhoub avait exprimé à ses proches des craintes d’être arrêté au cours de la journée se sachant l’objet d’une surveillance particulière par des éléments des services de sécurité qui le suivaient au cours de ses déplacements.
Au mois de septembre, M. Belmouhoub avait été menacé par des inconnus qui lui avaient intimé l’ordre de cesser ses activités de défenseur des droits de l’homme. Il a été agressé physiquement le 14 septembre et blessé au visage par un individu armé d’un couteau.
Il ne fait aucun doute pour les membres de son association et les militants des droits de l’homme que cette agression constituait un avertissement clair des autorités algériennes pour le forcer à cesser ses activités associatives.
Depuis de nombreuses années, M. Belmouhoub, dont l’association n’a jamais été agréée par les autorités, tente de faire reconnaître la déportation de milliers de personnes vers des camps de concentration entre 1991 et 1995 comme illégale et constitutive d’une violation grave des droits humains. (1)
A cet effet, il a saisi les autorités officielles ainsi que les tribunaux algériens et tenté de poursuivre pénalement les instigateurs de ces violations, en particulier l’ancien ministre de la défense, général Khaled Nezzar, l’un des principaux commanditaires de cette politique de répression généralisée.
N’ayant pu obtenir satisfaction sur le plan interne, M. Belmouhoub a saisi les instances internationales de cette question et en particulier le Comité des droits de l’Homme des Nations unies.
Il est à craindre que l’enlèvement de M. Belmouhoub soit à mettre en relation avec l’arrestation à Genève, jeudi 20 octobre 2011, sur mandat du ministère public de la confédération suisse, du général Khaled Nezzar pour suspicion de crime de guerre. (2) Il pourrait alors s’agir d’une mesure de représailles contre lui.
Alkarama a adressé un appel urgent le 24 octobre 2011 à la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, au Rapporteur spécial sur la torture et au Groupe de travail sur la détention arbitraire et au Rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’expression.
(1) Voir Algeria-Watch, Le drame des ex-internés des camps du Sud, dossier comprenant notamment deux listes d’ex-internés, une interview de M. Belmouhoub et des articles de journaux concernant son combat, 26 juillet 2010.
(2) TRIAL, Le printemps arabe arrive en Suisse: un ancien général algérien arrêté et poursuivi pour crimes de guerre , 21 octobre 2011.