Tahar Belabbas interdit de quitter le territoire pour la troisième fois
Il devait participer au Forum Social Mondial au Brésil
Tahar Belabbas interdit de quitter le territoire pour la troisième fois
El Watan, 6 mars 2018
L’activiste et membre du Comité national de la défense des droits des chômeurs (CNDDC), Tahar Belabbas, a été empêché à nouveau de quitter le territoire national.
Devant se rendre, hier, au Brésil pour prendre part au Forum social mondial, le jeune a été refoulé de l’aéroport international Houari Boumediene. «Une fois de plus, Tahar Belabbas, militant des mouvements sociaux et des droits des sans-emploi a été abusivement empêché de voyager. Il avait en sa possession un billet d’avion aller-retour, un visa valable pour le Brésil et une invitation nominative à participer au Forum social mondial», écrit Hakim Addad, militant politique et des mouvements sociaux.
Selon lui, «la Police des frontières (PAF) n’a donné aucune explication». «Il a été retenu pendant 1h30 avant d’être relâché en lui demandant d’aller voir avec les autorités compétentes», explique Hakim Addad, qui dénonce cet arbitraire. «J’appelle à une solidarité qui ne doit pas être que sur Facebook», explique-t-il. Pour sa part, Tahar Belabbas affirme que les agents de la PAF lui ont demandé des informations sur le contenu du Forum en question. «Ils voulaient savoir comment on m’a envoyé l’invitation et qui participera à ce Forum», témoigne-t-il.
Selon lui, les policiers ont refusé de lui communiquer les motifs de cette interdiction. «Ils m’ont demandé d’aller voir avec le procureur de la République», précise-t-il. Et d’ajouter : «Cette démarche, je l’ai déjà faite. Je me suis adressé au procureur de la République de Ouargla qui a nié tout lien de la justice avec cette affaire. J’ai également pris attache avec le procureur de la République près le tribunal de Dar El Beïda qui m’a affirmé la même chose. Ce dernier a même adressé une requête au responsable de la PAF.
Mais au bout de quelques jours, les traces de la requête en question ont été effacées du système informatisé et le procureur s’est montré impuissant.» Il y a quelques jours, l’association Rassemblement action jeunesse (RAJ) et des défenseurs des droits de l’homme ont lancé un appel contre cette «interdiction arbitraire», invitant les autorités «à mettre un terme à ce harcèlement». «Tahar Belabbas s’est vu interdit de sortie du territoire national à plusieurs reprises, tant à partir de l’aéroport international d’Alger qu’aux frontières terrestres.
Cette interdiction est en violation flagrante de la Constitution algérienne, notamment dans son article 55 qui garantit aux citoyens algérien(ne)s, jouissant de leurs droits civils et politiques, le droit de choisir librement le lieu de leur résidence, et le droit de circuler sur le territoire national ainsi que d’y entrer et d’en sortir», avait précisé le signataire de cette appel.
Cette décision est, souligne le signataire de ce document, «en contradiction également avec le pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l’Algérie, en particulier dans son article 12 qui garantit à tout citoyen le droit de quitter n’importe quel pays, y compris le sien». Parallèlement à cette démarche, l’avocat Mustapha Bouchachi a, lui aussi, adressé une lettre au ministre de la Justice lui demandant d’intervenir pour mettre un terme à cette situation. En vain.
Madjid Makedhi