Quel devenir pour les associations islamiques à caractère non lucratif ?
Entre prévention du terrorisme, méfiance et islamophobie
Quel devenir pour les associations islamiques à caractère non lucratif ?
Par M. Abi, Le Jeune Indépendant, 6 décembre 2008
Organisé conjointement par le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) et le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) à Alger, le séminaire sur la lutte contre le financement du terrorisme arrive à sa fin.
Une plate-forme de recommandations devait être établie et sera soumise à l’Union africaine (UA). Les travaux, qui ont démarré le 1er décembre à huis clos, ont porté, évidemment, sur les efforts à fournir et les mécanismes à instaurer pour priver le terrorisme de toute ressource financière. Le trafic de drogue, la contrebande et le paiement de rançons en contrepartie de la libération d’otages telles l’affaire des touristes européens enlevés dans le Sahara algérien en 2003 et celle du couple autrichien enlevé au début de l’année 2008 dans le désert tunisien, sont, antre autres, des moyens pour le terrorisme de se financer, comme l’a souligné le ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines dans son allocution d’ouverture des travaux.
Autre aspect des débats, celui lié aux activités d’associations à caractère lucratif, islamiques entre autres, sans qu’elles ne soient nommées. Lors de sa session extraordinaire tenue à Washington les 29 et 30 octobre 2001, le Groupe d’action financier (GAFI), dont une délégation arrivera en Algérie, pays membre, le 5 ou le 6 janvier prochain), avait déjà émis plusieurs recommandations spéciales, dont celle de «s’assurer que les personnes morales, notamment les organisations caritatives, ne peuvent pas faire l’objet d’abus pour financer le terrorisme», a rappelé Boubacar Gaoussou Diarra, directeur du CAERT, dont le siége est à Alger.
Eviter les abus
Dans un document de conception diffusé lors de ce séminaire, le CESA, dont le siége est à Washington, écrit que ce séminaire se focalisera sur quatre objectifs dont «la prévention d’abus par des organisations à but non lucratif». La réglementation des activités de ces associations de bienfaisance et leur contrôle financier sont, certes, des mesures peut-être plus que nécessaires pour éviter qu’elles se transforment en source de financement du terrorisme. Eviter l’islamophobie qui pourrait freiner les activités de ces associations dont dépendent de larges couches de populations un peu partout dans le monde, n’est pas moins nécessaire. Les combattre, sans justificatifs, ne pourrait que porter préjudice à ces populations et faire le jeu des organisations terroristes qui exploitent l’islamophobie et certains préjugés envers la religion musulmane pour alimenter leurs discours et développer le recrutement. L’incompréhension de l’islam et la déformation de ses valeurs et préceptes dans certains pays occidentaux ont engendré une certaine méfiance vis-à-vis de ces associations. Eviter les amalgames et séparer l’action humanitaire de ces associations et des activités liées au terrorisme ne feraient que renforcer la lutte antiterroriste. Plusieurs autres points ont été débattus au cours de ce séminaire, dont les moyens permettant le «renforcement des capacités de lutte contre le financement du terrorisme grâce à l’amélioration des services de renseignement financier».
Un défi relevé par l’Algérie avec la mise à niveau de la cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) avec les normes internationales en la matière. Autre aspect débattu lors des travaux, celui de l’amélioration de la collaboration inter-organismes/interministérielle dans le domaine de la collecte, de l’analyse et du partage des renseignements et des informations liés au terrorisme à l’échelle nationale, régionale et internationale». M. A.