Les affaires Boumerdassi-Sidhoum renvoyées au 21 février

LES DEUX AVOCATS SONT ACCUSES D’AVOIR REMIS DES OBJETS PROHIBES A LEURS CLIENTS DETENUS

Les affaires Boumerdassi-Sidhoum renvoyées au 21 février

Le Soir d’Algérie, 18 janvier 2007

Les deux avocats accusés d’avoir remis «des objets illicites» à leurs clients emprisonnés à Serkadji ont comparu hier devant le tribunal de Bab-El-Oued. L’affaire a été renvoyée au 21 février après que la défense — constituée d’une trentaine d’avocats — eut exigé la présence du directeur de l’établissement pénitentiaire.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Une ambiance inhabituelle régnait, hier matin, au tribunal de Bab-El- Oued, situé dans la commune de Hammamet. Des dizaines d’avocats du barreau d’Alger ont tenu à être présents en signe de solidarité à l’occasion de la comparution de leurs deux confrères, Me Hassiba Boumerdassi et de Me Amine Sidhoum, qui sont accusés d’avoir remis «des objets prohibés» à leurs clients détenus à la prison de Serkadji. Les «objets prohibés» en question sont en fait des cartes de visite, dans le cas de Me Sidhoum, et un procès- verbal de première audition concernant son client pour Me Boumerdassi. «Ils sont également accusés d’avoir porté atteinte à la sécurité de l’établissement pénitentiaire. Dans les deux affaires, il n’y a aucun fait pénal puisque nous sommes devant des cas d’infraction impossible. Car en quoi quelques feuilles de papier pourraient représenté un risque pour une prison comme Serkadji. Mais il est important de dire que les avocats qui exercent à Alger éprouvent également les pires difficultés au niveau de la prison d’El-Harrach», a indiqué Me Chérif Lakhlef, un des premiers avocats à être arrivé au tribunal de Bab-El- Oued. Il sera rejoint par Mostafa Bouchahi et Hocine Zahouane. Les deux accusés apparaissent aux environs de 9 heures. Entourés de leurs confrères, ils mettent au point la stratégie de défense. D’un commun accord, toutes les robes noires, près d’une trentaine, décident de plaider lors de l’audience. «Je défendrai Me Amine Sidhoum et il en fera autant lorsque ce sera mon tour», précise Me Hassiba Boumerdassi. Au moment de pénétrer dans l’enceinte du tribunal, les avocats constatent que des agents de police filtrent les entrées. «Ils veulent donner un caractère exceptionnel à cette audience», explique Me Sidhoum qui dit refuser comparaître à huis clos. Il n’en sera rien puisque l’audience se déroulera dans des conditions ordinaires. Enfin, presque. La salle s’avère être exiguë face au nombre impressionnant d’avocats. Les deux affaires étant enrôlées en 65ème et 66ème position, Me Mohamed Sellini, président de l’Union nationale des barreaux et bâtonnier d’Alger, sollicite de la juge afin qu’elles soient traitées en priorité. Cette dernière refuse dans un premier temps, puis explique à Me Sellini qu’une réponse lui sera rendue au moment qu’elle jugera opportun. Des cris se font soudain entendre dans la salle lorsque des membres de l’association des familles de disparus déploient une banderole en signe de soutien à Boumerdassi et Sidhoum. On frôle l’outrage à la cour. La juge ordonne l’intervention des agents de l’ordre puis décide de lever l’audience. Au sein du collectif de la défense, on ne manque pas de dénoncer cette tentative de récupération politique. L’audience reprend après une pause d’une vingtaine de minutes. La tension n’a pas baissé pour autant. La juge accepte cependant que les deux affaires passent en priorité. Mais elle décide aussitôt de renvoyer les affaires au 7 février. Une décision qui a provoqué l’ire de Me Miloud Brahimi. «Vous n’avez aucune raison valable de renvoyer ces affaires», lance-t-il. L’audience est à nouveau levée, mais par le magistrat du siège cette fois-ci. Puis les deux parties parviennent à un accord : le collectif de la défense accepte le principe d’un renvoi à condition que le directeur de la prison de Serkadji soit convoqué. La juge arrête finalement la date du 21 février 2007. «Nous avons demandé la présence du responsable de cet établissement car nous avons relevé plusieurs contradictions dans les correspondances qu’il a adressées au parquet. Cela est une preuve que nous sommes face à des affaires préfabriquées», soulignera Me Sellini au sortir du tribunal. T. H.