La justice s’acharne contre le militant Belkacem Khencha
El Watan, 4 janvier 2015
Le militant de la cause des chômeurs et l’actuel président de la Ligue algérienne pour la défense du droit au travail (LADDT), Belkacem Khencha, est à nouveau convoqué par la justice.
Accusé, cette fois-ci, d’«outrage au corps constitué», pour son témoignage tenu dans une interview accordée à El Watan Week-end du 11 septembre 2015 sur les conditions d’emprisonnement à Laghouat. Il devra comparaître, le 13 janvier prochain, devant le tribunal de la même wilaya pour répondre à cette accusation.
Joint par téléphone, Belkacem Khencha, avoue qu’il ignorait l’existence de cette énième poursuite qu’il qualifie d’«acharnement de la justice contre sa personne» et affirme n’avoir été informé que par le biais de ses sept anciens codétenus que la justice a convoqué pour témoigner contre lui dans ce procès où il est le principale accusé.
Pour rappel, dans son témoignage, Belkacem Khencha avait déclaré ceci, un mois après sa sortie de prison, en juillet dernier, où il a achevé sa peine de six mois pour avoir organisé un rassemblement de soutien en compagnie de ses sept camarades du même mouvement, devant le même tribunal, en solidarité avec un autre chômeur, Mohamed Reg, que lui encoure sa peine d’une année et demi : «Les gardiens s’en prenaient à ceux qui se bagarraient ou qui réclamaient l’amélioration de leurs conditions de détention. Ils tiennent le prisonnier, la tête suspendue, du bout des pieds par une ceinture. Au moment où les uns le coincent des épaules, les autres le frappent sur le plat des pieds pour ne laisser aucune trace. C’était leur façon de punir. J’ai eu des témoignages de gens qui se sont fait menotter pour se voir gifler par les gardiens à tour de rôle.»
Son avocat, Noureddine Ahmine, explique que l’accusation, elle-même, se contredit avec les textes de la loi : «Je ne comprend pas pourquoi on lui inflige une telle accusation alors que par définition, un corps constitué est soit l’armée, la police ou la gendarmerie, Khencha n’a aucunement parlé de ces trois corps !»
Meziane Abane