Les organisations des droits de l’Homme réagissent
Salah-Eddine Sidhoum incarcéré à Serkadji
Les organisations des droits de l’Homme réagissent
Le Matin, 12 octobre 2003
L’état de santé du docteur Salah-Eddine Sidhoum, en grève de la faim à la prison de Serkadji où il est incarcéré depuis le 29 septembre dernier, ne cesse de se détériorer et nécessite, selon son fils, membre du collectif d’avocats du détenu, une hospitalisation d’urgence. « Ce n’est que mercredi dernier que le directeur de la prison a autorisé le médecin de l’établissement à consulter mon père qui a perdu 9 kg en 8 jours. Il était dans un quasi-coma hypoglycémique.
Le médecin a signalé l’urgence de l’hospitalisation. Le directeur de la prison a opposé un refus et proposé son transfert dans une cellule d’isolement dans l’infirmerie des tuberculeux. Le docteur Sidhoum a refusé de s’y rendre », témoigne Me Sidhoum. Il rappelle que depuis son transfert à la prison de Serkadji, le docteur Sidhoum est « placé dans une cellule d’isolement au sous-sol, une cellule humide, avec une fenêtre sans vitre et subissant la lumière artificielle jour et nuit ; il est envahi par ailleurs par les poux et les rats. Les entretiens avec ses avocats se font en présence de deux gardiens. Où est la confidentialité entre le détenu et ses défenseurs ? » Une situation que dénonce son comité de soutien dans une lettre transmise jeudi dernier au directeur de l’établissement pénitentiaire. Les signataires appellent à l’hospitalisation urgente et au respect des droits du docteur Sidhoum. Ils rappellent, à l’occasion, les principales règles pour le traitement des détenus
adoptées par le congrès des Nations unies . Principes qu’a eu également à faire valoir, le 5 octobre dernier, Justitia Universalis dans une correspondance adressée au ministre de la Justice. Tayeb Belaïz auquel il est fait part de « l’humiliation permanente » que vit le docteur Sidhoum est « prié » d’intervenir au nom de la justice pour que « le défenseur des droits de l’Homme, qu’est le docteur Sidhoum, soit traité en citoyen qui a droit à la présomption d’innocence ». D’autant plus, soulignent tous ceux qui ont manifesté leur solidarité, que le docteur Sidhoum ne revendique rien d’autre qu’un procès équitable, que lui donne droit son opposition à la contumace.
Pour rappel, le docteur Salah- Eddine Sidhoum a été condamné par contumace à 20 ans de réclusion pour, entre autres, création d’un réseau terroriste. « Mon père, qui est un militant des droits de l’Homme, a décidé de sortir de la clandestinité et se présenter à la justice.
Le procureur lui a signifié qu’il serait entendu une nouvelle fois dans les semaines à venir et, conformément à la procédure, l’a mis sous mandat de dépôt. Ce que nous dénonçons, ce sont les conditions de sa détention. » Le collectif d’avocats du docteur Sidhoum a décidé de porter plainte contre le directeur de la prison de Serkadji pour non-assistance à personne en danger.
Saïda Azzouz