Le général Benhadid en grève de la faim

Il l’a entamée hier à la prison d’El-Harrach

Le général Benhadid en grève de la faim

Le Soir d’Algérie, 17 février 2016

Le général Benhadid a entamé une grève de la faim et des soins, hier, a-t-on appris auprès de ses avocats. Ces derniers ont dénoncé, à plusieurs reprises, les lenteurs de l’appareil judiciaire dans la gestion du dossier de leur client incarcéré depuis la fin du mois de septembre dernier à la prison d’El-Harrach.
Le général Benhadid avait annoncé, à plusieurs reprises, à ses avocats son intention de recourir à une privation de nourriture et de suspendre ses soins mais avait décidé de tempérer ses décisions sur conseil de sa défense. Vers la fin du mois de janvier dernier, il a ainsi dû reporter son action après avoir été informé que la chambre d’accusation avait fixé une audience au 3 février afin de statuer sur la demande de mise en liberté provisoire introduite par Mes Mecheri et Bourayou. Cette demande a été rejetée mais les deux avocats, auxquels s’est récemment joint Me Bouchachi, ont une nouvelle fois enjoint leur client de ne pas entamer l’action avant l’adoption de la nouvelle Constitution. Visiblement décidé à ne plus attendre, il est donc finalement passé à l’acte, hier, sans en faire part à quiconque. Ses avocats se sont déplacés en fin d’après-midi à la prison d’El-Harrach pour confirmer l’information.
Une grève de la faim et plus particulièrement encore sa décision de suspendre son traitement médical pourraient entraîner de graves conséquences sur la santé, déjà fragile, du prévenu. Diabétique, atteint d’une insuffisance cardiaque et souffrant d’une hernie discale qui s’est aggravée avec l’humidité de la prison, le général Benhadid (âgé de 70 ans) veut alerter l’opinion publique sur le fait que la justice n’ait pas donné suite à son affaire depuis son incarcération. Au cours du mois précédent, Mes Bourayou et Mecheri ont même organisé une conférence de presse pour dénoncer le fait que leur client n’ait pas été écouté dans le fond sur l’affaire qui l’a mené en prison et ce, en dépit de plusieurs demandes de ses avocats. Ceux-ci ont également dénoncé l’absence de réponse de l’appareil judiciaire suite à la demande de pouvoir présenter un témoin capital dans l’affaire, à savoir le directeur de la radio Maghreb M, où s’était exprimé leur client. Ils avaient, en outre, regretté le rejet, à deux reprises, de la demande de mise en liberté provisoire du général Benhadid, «alors que le dossier devrait normalement relever du délit de presse».
Pour rappel, le général Benhadid a été arrêté puis incarcéré suite à une interview dans laquelle il dénonçait la politique menée par les plus hautes autorités du pays, particulièrement le frère du président de la République et le ministre de la Défense. Pour ce, il avait été accusé d’atteinte à l’image de l’armée. Cette grève de la faim entame, et pour le moins que l’on puisse dire, un tournant inattendu dans une affaire qui a défrayé la chronique. Aux dernières nouvelles, hier en fin d’après-midi, le général Benhadid avait déjà refusé tous les repas de la journée et s’était abstenu de prendre son traitement, dont l’insuline, indispensable aux diabétiques…
Abla Chérif