Prise en charge psychologique des détenus en milieu carcéral
Prise en charge psychologique des détenus en milieu carcéral
150 cliniciens recrutés prochainement
Hafida Ameyar, Liberté, 7 juin 2006
Cent cinquante psychologues seront embauchés au cours de l’année en cours, ce qui portera le nombre de thérapeutes cliniciens exerçant dans les 127 établissements pénitentiaires algériens à près de 400.
C’est ce qu’a déclaré hier le responsable de la direction générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion sociale, en marge des 1re journées d’étude pour les psychologues, qui se tiennent à l’hôtel Safir-Mazafran (Zéralda). Une rencontre qui s’achèvera aujourd’hui et qui a enregistré hier la présence notamment du ministre de la Justice, de la présidente du Conseil d’État, du procureur général de la Cour suprême et des présidents des deux cours d’Alger et de Blida. Le DG de l’administration pénitentiaire a aussi indiqué que la population carcérale s’élève actuellement à 45 000 détenus à l’échelle nationale, « concentrés le plus dans les grandes villes », dont 80% ont moins de 30 ans. « Nous ne faisons pas de distinction entre les prisonniers, mais nous nous intéressons particulièrement à la petite délinquance qui est la plus importante », a également déclaré Mokhtar Flioune. Ce dernier, se référant aux nouvelles lois régissant le secteur et aux réformes qui y sont engagées, a insisté sur l’approche humanitaire et l’intérêt accordé au travail psychologique depuis 1991, date des premiers recrutements de spécialistes en santé mentale. Dans son discours d’ouverture, le ministre de la Justice a tenté d’user d’un langage réaliste. Après avoir fait le point sur les efforts déployés pour traiter « dignement » et « humainement » les détenus, Tayeb Belaïz mit le doigt sur « les insuffisances » en matière de prise en charge psychologique des prisonniers, dans les établissements pénitentiaires. « L’humanisation du milieu carcéral ne concerne pas seulement l’amélioration des conditions matérielles des détenus (…), mais également une prise en charge globale, dont la prise en charge médicale et psychologique », a déclaré le ministre, en rappelant qu’un prisonnier n’est privé de l’exercice de ses droits que « dans les limites nécessaires à sa rééducation et sa réinsertion sociale », en conformité avec la loi 05-04 de février 2005. Il a ainsi rappelé que pour l’année écoulée, 227 médecins généralistes, 72 paramédicaux, 143 dentistes et 230 psychologues cliniciens, assuraient les soins dans les structures pénitentiaires, pour une population carcérale de 60 000 détenus. Quant aux visites psychologiques annuelles, elles s’élèveraient à 5 000 consultations pour 2005. M. Belaïz a, en outre, informé avoir donné des instructions à la direction générale de l’administration pénitentiaire, pour la révision de 2 décrets interministériels datant de décembre 1991. Laquelle révision se concrétisera sur le terrain par la création de 36 postes d’encadreurs spécialisés en psychologie dans les 36 cours de justice, qui seront mis à la disposition des prisons et qui se chargeront surtout d’encadrer la mission psychologique. De l’avis du ministre de la Justice, tout sera fait pour adapter celles-ci à « la réalité des établissements pénitentiaires ». Ce qui a fait dire plus tard à une spécialiste en santé mentale, en l’occurrence Mme Leïla Zoubiri : « L’un des objectifs du psychologue est de créer une attitude positive chez le détenu, de le voir comme un être humain et non un écrou. Notre tâche est d’aider le détenu à sortir de sa souffrance, car la prison fait peur, de retrouver la paix intérieure, pour le préparer à l’après-détention. Mais, il faut d’abord que ce détenu veuille collaborer et être aidé. »
H. Ameyar