Situation dans la prison de Chlef
Situation dans la prison de Chlef
Décembre 2003
Témoignage recueilli par Dr Salah-Eddine Sidhoum les 24 et 31 décembre 2003 auprès de la mère de Mr. L. Djamal, détenu politique, incarcéré à la prison de Chlef
La situation au niveau de la prison de Chlef s’est brusquement détériorée depuis la nomination il y a quelques mois d’un nouveau directeur. Ce changement à la tête de l’établissement pénitencier qui a vu également un changement au niveau des gardiens a été marqué depuis par une dégradation des conditions de détention des prisonniers et ce, en raison de la prise de mesures draconiennes à leur encontre, plus particulièrement des détenus politiques.
La tenue vestimentaire a été réglementée ainsi : le prisonnier n’a droit de porter qu’un tricot de peau, un pull et la tenue carcérale, alors qu’il est connu que l’hiver dans la région est glacial. A titre d’exemple et lors de la visite hebdomadaire des familles du mercredi 24 décembre 2003, la température était de 2° C à 10 heures du matin. Tous les autres vêtements sont saisis par l’administration. Cette situation inhumaine imposée par la nouvelle administration aux détenus, les expose aux graves maladies face aux rigueurs de l’hiver (pneumonie, bronchite, tuberculose pulmonaire), d’autant plus que les cellules et salles sont dépourvues de chauffage.
Au lendemain de l’ouverture officielle de l’année judiciaire, soit le 22 décembre 2003, alors que le président de la République avait parlé d’améliorer les conditions de détention dans les prisons, des gardiens zélés ont tabassé deux prisonniers, condamnés à mort, dont l’un a vu ses lunettes brisées. Les gardiens disaient à leurs victimes : « vous allez voir comment nous allons améliorer vos conditions ! ».
Une note administrative devant entrer en vigueur le 1er janvier 2004 stipule que le poids de chaque couffin ne doit pas excéder 5 kgs et que tous les produits et denrées existant dans le magasin de la prison ne peuvent être ramenés par les familles sous peine de saisie. C’est une manière d’obliger les prisonniers à acheter au magasin de l’établissement pénitencier. Alors qu’il y a de nombreux détenus issus de familles pauvres qui ne reçoivent jamais de mandats et qui ne peuvent se permettre d’acheter dans le magasin. Le couffin hebdomadaire étant leur seule source d’approvisionnement.
Devant ces conditions de détention dégradantes, les détenus politiques de la prison de Chlef ont décidé d’entamer une grève de la faim à partir du samedi 27 décembre et qui se poursuit à ce jour, soit le mercredi 31 décembre. L’administration refusant tout dialogue avec les grévistes. Une lettre a été adressée par le détenu L. Djamal au procureur de la République.
Un appel est lancé par les familles des détenus au CICR et aux organisations internationales des droits de l’homme pour intervenir auprès des autorités algériennes afin que cessent ces pratiques dégradantes et inhumaines à la prison de Chlef, touchant à la dignité du détenu et mettant en danger sa santé.
Alger le 31 décembre 2003
Copies à :
-Mr Olivier Dürr, chef de délégation du CICR en Algérie.
-Algeria-Watch.
-Amnesty International. Secrétariat général Londres.
-Commission des Droits de l’Homme de l’ONU. Genève.
-Fédération Internationale des Droits de l’Homme. Paris.
-Human Rights Watch. Washington.
-Ligue Algérienne de défense des droits de l’homme.