France – Algérie : l’ex-membre du FIS Mourad Dhina sera fixé sur son sort vers le 20 juin
Jeune Afrique, 6 juin 2012
Accusé de terrorisme par le régime algérien, Mourad Dhina comparaît mercredi 6 juin devant la chambre d’instruction du palais de justice de Paris. L’audience, essentiellement technique, doit être consacrée à l’étude de nouveaux éléments fournis par Alger qui demande l’extradition de l’ex-responsable du FIS (Front Islamique du Salut). Une requête qui sera jugée sur le fond dans une quinzaine de jours.
L’extradition de Mourad Dhina vers l’Algérie n’est pas étudiée ce 6 juin par la chambre d’instruction du palais de justice de Paris. « L’audience ne devrait même pas durer plus de cinq minutes », explique Me Antoine Comte, avocat de l’ancien cadre du FIS (Front islamique du salut), accusé de terrorisme par le régime algérien.
D’après lui, la cour doit se contenter de porter à la connaissance des parties les éléments complémentaires versés au dossier par les autorités algériennes. La demande d’extradition de Mourad Dhina, formulée par Alger, doit donc faire l’objet d’une nouvelle audience dans une quinzaine de jours, vers le 20 juin.
Détention provisoire
Mourad Dhina, ancien dirigeant du FIS qui réside en Suisse depuis plus d’une vingtaine d’années, est accusé par le régime algérien d’avoir commis des actes terroristes durant les années 1997-1999. Visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice algérienne en 2003, il a été arrêté le 16 janvier 2012 à l’aéroport parisien d’Orly, alors qu’il embarquait pour Genève. Maintenu en détention provisoire à la prison de la Santé à Paris, Mourad Dhina est sous le coup d’une demande d’extradition vers l’Algérie, où il a été jugé par contumace à une peine de prison à perpétuité.
Réfugié en Suisse depuis le milieu des années 1990, Mourad Dhina est un ancien chercheur en physique du CERN (Centre Européen de Recherche Nucléaire) de Genève. Après le coup d’Etat militaire de janvier 1992 en Algérie, il s’engage en faveur du FIS et devient rapidement un de ses principaux responsables à l’étranger. Il en démissionne publiquement en 2004, invoquant un « dysfonctionnement organisationnel » au sein du parti islamiste.
Renversement « non violent » du régime algérien
Trois ans plus tard, en 2007, il fonde le mouvement Rachad (« La droiture »), qui milite pour un renversement « non-violent » du régime algérien. Mourad Dhina est également directeur exécutif d’Alkarama, une ONG de défense de droits de l’homme dans les pays arabes.
Selon ses proches, la détention arbitraire et la torture l’attendent en Algérie. « On ne peut garantir la tenue d’un procès équitable en matière terroriste en Algérie », affirme à Jeune Afrique son avocat Antoine Comte, par ailleurs ancien défenseur de la famille d’Ali Mécili, opposant algérien assassiné en 1987 à Paris.
Le conseil de Mourad Dhina n’écarte pas non plus la thèse d’un éventuel arrangement politique franco-algérien passé sur le dos de son client. En interpellant l’ancien cadre du FIS à Orly, Paris pourrait chercher à obtenir une contrepartie d’Alger, sous la forme par exemple d’un engagement plus prononcé sur le dossier des otages français retenus au Sahel par Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Commentaire, légèrement désabusé, d’Antoine Comte : « Vous savez, avec les relations franco-algériennes, tout est possible… »