Ahmed Zaoui maintenu

Ahmed Zaoui maintenu

Le gouvernement néo-zélandais désapprouve la décision de justice

par Zouaoui Mouloud,

Le Jeune Indépendant, 5 août 2004

L’ancien dirigeant du Front islamique du salut (FIS-dissous) s’est vu rejeter par la Haute cour néo-zélandaise une demande, présentée, il y a deux semaines, par ses avocats, de liberté sous caution ou de son transfert vers un centre de réinstallation pour réfugiés, une décision qui a suscité la désapprobation de la classe politique locale.

Selon le quotidien local The Dominion Post, dans son édition d’avant-hier, ses avocats avaient plaidé, dans leur requête, les motifs selon lesquels l’état de santé physique et mentale de Zaoui s’était détérioré et que sa détention, dans la prison centrale de Remand (Auckland), était en «violation des réglementations sur les droits civiques».

Motivant sa décision, la Haute cour à Wellington avait estimé qu’elle ne pouvait intervenir dans le cas d’une personne faisant l’objet d’une «attestation de risque pour la sécurité», une mesure évoquée par les services de renseignements contre les personnes pouvant constituer une menace pour la sécurité du pays.

Les menaces et les charges retenues contre Zaoui n’ont jamais été mises à la disposition de ses avocats, encore moins à la connaissance de l’inculpé. Le dirigeant islamiste avait bénéficié, il y a une année (le 1er août 2003), du statut de réfugié qui lui avait été accordé par l’Autorité néo-zélandaise indépendante de recours pour les demandeurs d’asile (RSAA : Refugee Status Appeals Authority), huit mois après son incarcération, sans les moindres charges, dans la prison de Remand, dans la capitale néo-zélandaise.

Zaoui était arrivé en Nouvelle-Zélande en septembre 2002 après un exil de dix ans au Burkina Faso, en Suisse et en Belgique. Dans un rapport transmis au gouvernement, la RSAA avait conclu qu’il pourrait être persécuté s’il était extradé vers l’Algérie et qu’il n’existait aucune preuve crédible de son implication dans le terrorisme ou un crime grave.

Suite à ce rapport, l’inspecteur général néo-zélandais du renseignement et de la sécurité, qui a avait décidé de son arrestation, devait dès lors prouver la validité de l’attestation pour que le ministre de l’Immigration décide d’expulser Zaoui ou d’ignorer l’attestation et le relâcher.

Selon le verdict rendu par la Haute cour, M. Zaoui devrait être maintenu en détention au plus jusqu’au début de l’année prochaine, indique le quotidien. Interrogé sur cette décision, le Premier ministre néo-zélandais, Mlle Helen Clark, a reconnu son impuissance devant le fait accompli, affirmant qu’il n’était pas dans son pouvoir de libérer le dirigeant islamiste tant que l’attestation de risque pour la sécurité est retenue contre lui.

Mlle Clark, dont les propos ont été rapportés par le quotidien The New Zealand Herald, dans son édition de mardi dernier, avait toutefois assuré que le processus ayant conduit à sa détention serait complètement revu. L’affaire de Zaoui était devenue une véritable bataille politique qui a conduit à la démission de l’inspecteur général de la justice Greig accusé par la Haute cour d’avoir fait preuve de partialité en défaveur de M. Zaoui, tandis que le directeur de la sécurité, Richard Woods, qui avait promulgué l’attestation de risque pour la sécurité, a été écarté du dossier.

Dès lors, deux députés, Matt Robson et Keith Locke, ont réclamé du gouvernement de Wellington de libérer Zaoui, invoquant des raisons humanitaires. Dans une déclaration à la radio nationale néo-zélandaise, le même jour, M. Robson avait affirmé que «le maintien en détention de M. Zaoui était totalement inhumain».

Toutefois, Mlle Clark a fait part, selon The New Zealand Herald, de sa désapprobation quant à la manière avec laquelle a été établie l’attestation et qu’elle entend revoir toute la procédure, alors que le ministre de l’Immigration, Paul Swain, a indiqué, de son coté, qu’il se pencherait sous peu sur le cas du l’ancien dirigeant islamiste algérien.

Z. M.