Le cas de Zaoui examiné en août prochain

Nouvel épisode dans le long feuilleton judiciaire de l’islamiste algérien

Le cas de Zaoui examiné en août prochain

par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 8 avril 2006

L’ancien dirigeant du Front islamique du salut (FIS dissous), Ahmed Zaoui, sera soumis en août prochain à une nouvelle épreuve dans le long feuilleton judiciaire qui l’oppose depuis près de quatre ans aux services de sécurité néo-zélandais.Une nouvelle audience sera consacrée à l’examen de son cas durant le mois d’août pour déterminer si l’attestation de sécurité émise à son sujet par les services de renseignements contient des éléments établissant qu’il représente un risque pour la sécurité nationale en Nouvelle-Zélande.

C’est ce qu’a annoncé, avant-hier, le juge Paul Neazor dans les colonnes de la presse néo-zélandaise. «L’audience devra durer au moins deux semaines et se tiendra à huis clos», a fait savoir le juge Neazor qui a ajouté que «la presse ne sera pas autorisée à assister au déroulement de l’audience».

Le juge Neazor a également indiqué que les détails des procédures ainsi que les modalités de l’examen de cette affaire sont en cours d’élaboration avec les parties concernées».Le réexamen du risque pour la sécurité produit à l’encontre de M. Zaoui par le SIS [Service de sécurité et de renseignement] était réclamé depuis le début de l’année par la haute cour néo-zélandaise siégeant à Auckland.

La haute cour avait établi en 2003 que l’attestation sur le risque a été d’une évidente partialité en défaveur de M. Zaoui. Suite à l’annonce de cette nouvelle audience, l’avocate de l’ancien député de Médéa, Me Deborrah Manning, a déclaré au quotidien local Stuff que de nombreux détails doivent encore être déterminés, soulignant que «les preuves concernant M. Zaoui seront toutefois classées secrètes durant l’audience».L’avocate a en outre affirmé qu’elle ignorait où se déroulerait l’audience et si elle constituerait le dernier épisode dans le long feuilleton judiciaire auquel est soumis son client depuis 2002.

Selon elle, le processus de nouvel examen n’est pas tout à fait clair, et il reste beaucoup d’étapes à franchir avant que l’audience se déroule à la date annoncée. Arrivé en novembre 2002 en Nouvelle-Zélande avec un faux passeport, l’ancien député du Fis avait été incarcéré, sans jugement, pendant deux ans à la prison de haute sécurité d’Auckland.

La justice l’avait alors placé en détention et sous le régime d’isolement, au motif qu’il représentait un risque pour la sécurité nationale néo-zélandaise. Une charge basée sur l’attestation de sécurité dont la teneur n’a jamais été portée à la connaissance de M. Zaoui ni à son avocat.

Ayant obtenu le statut de réfugié en août 2003 et blanchi de soupçons de terrorisme, M. Zaoui, 44 ans, avait été libéré en décembre 2004 sur décision de la Cour suprême néo-zélandaise. Six mois plus tard, il avait été autorisé à demeurer en Nouvelle-Zélande en résidant dans un centre catholique de bienfaisance à Auckland.

Depuis sa libération, il a fait une apparition sur scène lors d’une émission télévisée consacrée aux remises des prix des meilleurs artistes et albums néo-zélandais et a participé à l’une des chansons interprétées par Dave Dobyns, l’une des stars de la musique néo-zélandaise.

Le mois dernier, M. Zaoui avait refusé de retourner en Algérie dans la foulée de la promulgation des textes mettant en œuvre la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ce refus est intervenu suite à l’appel lancé au gouvernement par le député Peter Brown, le leader du parti ultraconservateur New Zealand First, de le renvoyer en Algérie.

Le député estimait que Zaoui ne risquait rien s’il retournait chez lui depuis l’avènement de la réconciliation nationale en Algérie. Z. M.