Le ministre de l’Intérieur britannique décide d’expulser l’Algérien Hicham Yezza

Accusé à tort de terrorisme, le docteur en informatique est en prison

Le ministre de l’Intérieur britannique décide d’expulser l’Algérien Hicham Yezza

Le Jeune Indépendant,11 décembre 2008

Hicham Yezza, un jeune administrateur algérien à l’université de Nottingham en Angleterre, devrait être expulsé sous peu du Royaume-Uni suite au refus du ministère de l’Intérieur britannique de donner suite à sa demande d’action en justice contre son expulsion.

Yezza avait été arrêté le 20 mai dernier par la police lorsque la direction de l’université alerta la police après qu’un employé fut tombé sur une copie de manuel d’entraînement d’El-Qaïda déposé sur le bureau de Hicham Yezza. Il a été immédiatement arrêté sous le coup de la législation antiterroriste, et accusé de complot, alors qu’il avait expliqué aux enquêteurs que le document était destiné à Rizwaan Sabir, un étudiant qui effectuait une thèse de maîtrise en sciences politiques axée sur les organisations terroristes. Yezza et Sabir avaient été arrêtés tous les deux puis libérés sans chef d’inculpation après six jours de détention. Son arrestation effectuée d’une manière spectaculaire avec la participation de dizaines de voitures, de fourgons et de la police scientifique, s’est produite sous une large couverture médiatique. L’enquête révèle que le document est accessible en ligne et est disponible sur un site du gouvernement des Etats-Unis. La directrice d’études de Sabir, Bettina Renz, confirme à la police que son étudiant avait toutes les raisons légitimes de posséder le document pour les besoins de sa thèse. Bien qu’il fut blanchi par la police, Yezza a été conduit, menotté, dans un centre de rétention pour immigrants à Douvres, en instance d’expulsion sur ordre du ministère de l’Intérieur. Yezza voit également s’annuler un procès prévu pour le 16 juillet et à l’issue duquel il espérait une régularisation alors qu’il est établi depuis 13 ans à Nottingham, ville du centre de l’Angleterre (Midland). Il a été un étudiant modèle, puis docteur en informatique. Il a été représentant syndical et rédacteur en chef populaire d’une revue pacifiste du campus. Ne disposant plus du statut lui autorisant un visa d’étudiant, Yezza avait introduit en 2007 la procédure légale pour obtenir le statut de résident au Royaume-Uni. Suite à cette affaire, le ministère de l’Intérieur lui avait signifié qu’il devrait être expulsé dans les jours qui suivront la date du 11 décembre. Selon Alan Simpson, député du Parti travailliste de Nottingham, il s’agit d’une action politique pour cacher le fiasco de la première arrestation alors que Gearoid Ocuinn, doctorant en droit humanitaire à l’université de Nottingham et responsable de la campagne de soutien à Hicham Yezza, considère que «les origines ethniques de Hicham sont un élément qui a implicitement compté dans son arrestation. Si Hicham avait été blond et Suédois, tout cela ne serait jamais arrivé». Déjà déplacé cinq fois d’un centre de rétention à l’autre, Yezza est en détention depuis six semaines à Douvres. Entre-temps, plus de 500 étudiants et professeurs ont lancé une campagne de soutien à leur collègue, à grands renforts de manifestations, conférences et communiqués sur Internet. L’affaire a fait les titres des médias britanniques, mais le risque de son expulsion est grand faute d’une intervention de la justice. K. M.