Un millier d’Algériens ont postulé pour une régularisation en Espagne

Un millier d’Algériens ont postulé pour une régularisation en Espagne

par Mouloud Zouaoui, Le Jeune Indépendant, 8 mai 2005

Quelque 1 100 sans-papiers algériens établis en Espagne sur les 6 000 concernés ont pu postuler pour une régularisation de leur situation sur un quota de 800 000 que le gouvernement espagnol a décidé de régulariser, dans le cadre d’une opération lancée le 7 février dernier.

Selon le ministre espagnol du Travail Jesus Caldera quelque 700 000 demandes ont été reçues par les 189 centres mis en place à travers la péninsule pour recueillir les demandes de régularisation qui seront traitées par le Département des étrangers et de la délivrance des documents.

Toutefois, il resterait quelque 100 000 «tickets» de régularisation à décrocher, selon le ministre espagnol, pour atteindre le quota global établi par le gouvernement socialiste de Jose Luis Zapatero, alors que l’opération a pris fin hier.

Aucun délai supplémentaire n’a été envisagé pour permettre aux «retardataires» d’effectuer les démarches de l’actuel processus de normalisation, la plus importante opération de régularisation des immigrés en Espagne. Le processus accordait aux employeurs espagnols un délai de trois mois (du 7 février au 7 mai) pour régulariser, à travers un contrat de travail, leurs employés «sans papiers», recensés dans l’une des municipalités du pays avant le 7 août 2004 et qui n’ont pas d’antécédents judiciaires en Espagne ou dans leur pays d’origine.

Cette opération, engagée à la demande des syndicats, est considérée comme un «échec»par les associations de défense des droits des immigrés. «Le processus de régularisation a été un échec et du rafistolage» ont estimé, hier, la fédération Andalucia Aloge de défense des sans-papiers et l’Association de défense de droits de l’homme d’Andalousie (APDHA).

La région d’Andalousie connaît une très forte concentration d’immigrants et de sans-papiers, notamment ceux originaires du Maghreb. Ces associations avaient engagé des mouvements de protestation pour obtenir du gouvernement une plus grande flexibilité dans l’application du processus de normalisation des travailleurs étrangers «sans papiers».

Des milliers d’entre eux ne disposant pas de résidence se trouvaient dans l’incapacité de produire les documents requis pour la régularisation (certificat de résidence délivré par la municipalité et contrat de travail). Les collectifs d’immigrés et plusieurs syndicats et associations espagnoles de défense des droits de l’homme ont dénoncé aussi le chantage pratiqué par des entrepreneurs peu scrupuleux qui exigent de leurs employés de verser des sommes oscillant entre 2 000 et 5 000 euros pour leur délivrer des contrats de travail.

Dès lors, plusieurs manifestations ont été organisées récemment dans les villes de Madrid, Barcelone, Valence, Murcie, Malaga, Almeria et La Corogne, notamment par les sans-papiers marocains, algériens et d’Amérique latine, pour attirer l’attention des autorités sur l’impasse dans laquelle ils se trouvent et réclamer la révision des conditions fixées.

Selon ces associations, la loi de régularisation «se moque des droits des immigrés». Il s’agit, selon elles, d’un processus raciste et xénophobe qui fait la différence entre travailleurs autochtones et étrangers, entre stables et précaires, entre hommes et femmes.

Au 4 mai dernier, 565 094 immigrés avaient déposé leurs dossiers, ont révélé ces associations, contredisant ainsi les chiffres fournis par le gouvernement. Les ressortissants d’Amérique latine étaient les plus nombreux à déposer leurs demandes, dont 123 313 Equatoriens, 48 745 Colombiens, 33 121 Boliviens, ainsi que ceux de l’Europe de l’Est, dont 83 669 Roumains et 19 786 Bulgares, alors que les Marocains étaient 58 301 à déposer leurs demandes tandis que les Algériens n’étaient pas plus de 1 172 à faire ce genre de démarches.

Ne disposant pas d’associations solides capables de faire entendre leurs voix comme celles des Marocains ou des Equatoriens, les 6 000 sans papiers algériens ont éprouvé les pires difficultés à se procurer les documents de régularisation.

La communauté algérienne en situation régulière en Espagne est, quant à elle, estimée à quelque 15 000 personnes. Cette opération a pris fin alors qu’une centaine d’Algériens sont en grève de la faim depuis jeudi au centre d’accueil provisoire pour immigrants clandestins à Melilla, l’enclave marocaine sous occupation espagnole.

Parqués depuis plusieurs mois dans ce centre, ils réclament leur transfert en Espagne et l’obtention de documents pour pouvoir quitter Melilla, selon l’association caritative Hermanos Franciscanos de Cruz Blanca (Frères franciscains de la Croix-Blanche).

Z. M.