Un pont aérien et des autocars pour rapatrier les émigrés clandestins
DES CENTAINES D’AUTRES CONDUITS AUX CONFINS DU SAHARA
Un pont aérien et des autocars pour rapatrier les émigrés clandestins
Le Quotidien d’Oran, 11 octobre 2005
Un pont aérien a entamé hier le rapatriement de plus de 1.000 clandestins sénégalais et maliens au départ d’Oujda, mais des centaines d’autres ont été convoyés à travers le désert, dans le sud du pays, vers les frontières avec l’Algérie et la Mauritanie.
Seize policiers marocains se sont chargés d’escorter 140 clandestins de nationalité sénégalaise, sur un ensemble de 626 promis au rapatriement, pour embarquer à bord d’un Boeing 737 de la compagnie nationale marocaine qui a décollé en début d’après-midi en direction de Dakar. L’avion devait rallier Dakar en quatre heures et demie et effectuer dans la soirée du même jour une seconde rotation, a indiqué un responsable de la préfecture d’Oujda, cité par l’AFP.
Entre hier et aujourd’hui, trois avions devaient décoller pour le Sénégal et autant pour Bamako pour le rapatriement des Maliens, a indiqué une source sécuritaire marocaine. Les émigrants rapatriés hier font partie des quelque 1.200 Sénégalais et Maliens transférés durant les deux derniers jours en bus vers la ville d’Oujda. Beaucoup d’entre eux ont été récupérés avant-hier dans le désert vers lequel les autorités marocaines les avaient chassés, sans eau ni nourriture, selon les ONG humanitaires présentes sur les lieux. Installés dans deux centres situés dans le sud-ouest de la ville, ces immigrants subsahariens avaient, selon l’AFP, reçu un matelas, de la nourriture, de l’eau et avaient pu prendre des douches. Néanmoins, des centaines d’autres, beaucoup moins chanceux, ont été conduits vers des zones désertiques aux confins du Sahara. En effet, durant la matinée d’hier, 247 émigrants africains sont arrivés à Guelmim au terme d’une nuit de voyage à bord d’autocars convoyés par des gendarmes. Selon une source sécuritaire citée par l’AFP, ils ont été conduits dans les secteurs désertiques d’Assa et Zag, à une centaine de km au sud-est de Guelmim, puis «déposés» à la frontière avec l’Algérie. Des centaines d’autres émigrants étaient attendus dans la même journée d’hier à Guelmim, selon la même source, qui a précisé qu’ils devraient, contrairement à ceux du premier convoi, être déposés à la frontière entre la Mauritanie et le Sahara Occidental. Le directeur exécutif de l’Association des familles des victimes de l’immigration clandestine (AFVIC), Hicham Rachidi, a précisé qu’il s’agirait surtout de Camerounais, Nigérians, Ghanéens, Guinéens, Bissau-Guinéens, Togolais, qui sont conduits en bus vers la frontière mauritanienne. De son côté, Médecins sans frontières (MSF) avait donné le chiffre de 1.400 immigrants africains qui auraient été déplacés en bus par les autorités marocaines «vers une destination inconnue».
Par ailleurs, le secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires étrangères, Bernardino Léon, avait qualifié hier le renvoi des émigrés africains dans le désert marocain de «drame qui nous dépasse». Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, et la secrétaire d’Etat à la Coopération, Leire Pajin, étaient de leur côté attendus hier à Rabat pour avoir des consultations avec le gouvernement marocain sur un renforcement de la coopération bilatérale dans la lutte contre l’immigration clandestine.
H. Barti