Un Algérien porte plainte contre l’administration Bush

Atteint de paralysie faciale à la suite de tortures à Guantanamo

Un Algérien porte plainte contre l’administration Bush

Le Quotidien d’Oran, 16 avril 2005

Les avocats de Mustafa Aït Idir, un des six Algériens kidnappés en Bosnie Herzégovine pour êtres transférés vers la base américaine de Guantanamo Bay (Cuba) en janvier 2002, ont déposé une plainte contre l’administration Bush pour coups et blessures ayant entraîné une paralysie faciale, a indiqué hier le journal londonien Al-Sharq Al-Awsat.

Selon les termes de la plainte du cabinet d’avocats qui défend les six Algériens (Wilmer Cutler Pickering Hale and Dorr), les geôliers de Aït Idir «l’on roué de coups et lui ont plongé la tête dans la cuvette des sanitaires, ce qui a failli l’asphyxier». La victime a également été «ligotée, mains derrière le dos, puis jetée contre un mur en béton», rapportent ses avocats, qui précisent également que «les gardiens ont introduit un tuyau d’arrosage dans la bouche du détenu et ont ouvert le robinet jusqu’à ce que la victime s’étouffe et que l’eau commence à s’écouler de ses narines».

Toujours selon la plainte déposée contre l’administration Bush, les avocats affirment qu’au début de l’année 2004, des gardiens avaient ordonné aux détenus de Guantanamo «d’ôter leurs pantalons, ce qui les avaient empêchés de faire leur prière». Devant le refus d’Aït Idir de se soumettre à cette mesure, des membres du «groupe d’intervention rapide» sont entrés dans sa cellule pour lui enlever son pantalon et «lui asperger le visage d’un produit chimique irritant et de l’entraîner avec force par ses testicules jusqu’à ce qu’il s’écroule par terre». Par la suite, ajoutent les avocats du plaignant, «des gardiens se sont mis à sauter sur Mustafa Aït Idir, au moment où un autre lui a plié ses doigts vers l’arrière, lui en brisant l’un d’eux». Selon la défense, cette opération s’est répétée une deuxième fois quelques jours plus tard. «Ligoté, le détenu a été jeté sur un sol recouvert de gravier, alors qu’un gardien lui sautait sur la tête jusqu’à le blesser, ce qui a provoqué chez lui une paralysie faciale», ajoute Al-Sharq Al-Awsat.

Selon ce journal, qui cite des sources au Pentagone, les autorités américaines affirment de leur côté que leur politique «interdit et dénonce la torture» et que «les membres des forces américaines sont appelés à respecter ces directives». «Néanmoins, indiquent les sources de Al-Sharq Al-Awsat, les allégations crédibles faisant état d’actes illégaux commis par des membres des forces américaines sont prises au sérieux et donnent lieu à l’ouverture d’enquêtes».

En outre, Al-Sharq Al-Awsat indique que le cabinet d’avocats a également porté plainte contre les départements américains de la Défense et de la Justice pour avoir refusé de livrer les informations sur la base desquelles les six Algériens ont été arrêtés et détenus à la base américaine de Guantanamo. En réponse aux requêtes des autorités bosniaques, les autorités américaines qualifient les six Algériens de «dangereux pour la sécurité des Etats-Unis».

Stephen H. Oleskey et Peggy Kuo, avocats américains des six Algériens, considèrent que l’arrestation de leurs mandants «ne repose sur aucune base légale» et en veulent pour preuve l’absence de tout élément matériel dans l’accusation.

Pour rappel, ces deux avocats avaient fait appel, en janvier dernier, aux autorités algériennes et bosniaques pour les aider à libérer les six détenus en faisant des démarches auprès des Américains. Pour l’heure, seules les autorités bosniaques semblent avoir réagi en interpellant l’administration américaine pour connaître les raisons de l’arrestation de Bensayah Belkacem, Hadj Boudellaa, Saber Lahmar, Mustafa Aït Idir, Boumediène Lakhdar et Mohamed Nechle.

Mohamed Mehdi