Opération musclée contre les «sans-papiers» dans le nord du Maroc

Opération musclée contre les «sans-papiers» dans le nord du Maroc : 2 008 Algériens parmi le lot des refoulés en 2004

 

par Ziad Salah, Le Jeune Indépendant, 24 janvier 2005

Des Algériens figurent en bonne place parmi les «sans-papiers» (péjorativement nommés les clandestins) refoulés l’année dernière du territoire marocain. Ces «sans-papiers» proviennent de l’Algérie et des autres pays subsahariens. Ils s’établissent provisoirement au Maroc du Nord dans l’espoir d’accéder à Ceuta ou Melilla, villes sous autorité espagnole, et de regagner l’Europe dans un second temps.

Selon des chiffres fournis par le journal marocain El-Ahdath el-Maghribia, en date du 16 janvier dernier se rapportant à l’année 2004, le Maroc a refoulé 18 349 «sans-papiers» africains dont 2 008 Algériens. Le journal n’a pas indiqué la destination forcée qu’ont prise ces «transitaires».

Une enquête consacrée à la question diffusée tout récemment sur la chaîne de télévision 2M a permis à la lectrice du commentaire d’affirmer que ces Africains ont été reconduits vers le territoire algérien. Le cas d’Africains dépouillés de leur argent et de leurs affaires puis chassés vers le territoire algérien a déjà été évoqué par la presse algérienne.

Les chiffres de l’année 2004 représentent apparemment un recul par rapport à ceux de 2003. Selon les statistiques fournies par le journal marocain, en 2003, le nombre de refoulés vers les frontières a été de 20 479 dont 1 513 Algériens.

Dans la région d’Oujda, 572 «sans-papiers» dont 177 Algériens ont été appréhendés durant la période considérée. Dans la région de Nador, 2 850 personnes dont 260 Algériens ont connu le même sort. Ce qui laisse clairement supposer que ces Africains empruntent d’autres voies, notamment celle du Sud marocain passant par le territoire du Sahara occidental.

Le journal ne dit rien sur les filières qui exploitent la misère de ces «chercheurs de paradis européen» et dont les ramifications atteignent certaines sphères de l’armée marocaine contrôlant le Sud et certaines provinces du Sahara occidental.

Le document diffusé sur 2M a à peine évoqué ces réseaux de passeurs sans toutefois chercher à les identifier ou à les dévoiler. Cependant, ni l’un ni l’autre média ne se sont empêchés d’épingler l’Algérie en insistant sur son laxisme et son refus de coopérer avec le Maroc pour endiguer ce phénomène.

Mais ce qui a retenu l’attention de certaines organisations internationales s’intéressant au sort des migrants, telle la CIMADE, c’est le ton très xénophobe du journal El-Ahdath el-Maghribia. En faisant parler les habitants de la région de la forêt de Gourougou, proche de Nador, le journal s’est presque félicité de l’arsenal déployé par les différents corps de sécurité marocains pour ratisser cette région et appréhender ces transitaires au courant de la dernière semaine.

En effet, 1 200 policiers, gendarmes et éléments des forces auxiliaires ont pris part à cette vaste opération de chasse aux sans-papiers qui s’est soldée par l’arrestation de 264 Africains de différentes nationalités. 25 Jeeps et 3 hélicoptères ont été mobilisés lors de ce ratissage.

1 292 abris de fortune ont été incendiés à la fin de cette opération. Le journal, s’exprimant au nom de la population de la région, a exprimé le souhait de voir ce genre d’opération se répéter jusqu’à l’éradication de cette immigration jugée perturber la quiétude de toute la région.

Z. S.