Onze clandestins meurent de soif au nord du Mali
ENCORE DES VICTIMES
Onze clandestins meurent de soif au nord du Mali
Le Quotidien d’Oran, 28 mai 2005
Les corps sans vie de onze personnes «mortes de soif» ont été découverts, début mai, dans le désert nigérien, près de la frontière algérienne. Selon des sources concordantes, il s’agit de candidats à l’immigration qui tentaient d’entrer clandestinement en Algérie.
«Le véhicule qui les transportait était tombé en panne en plein désert et les victimes sont mortes de soif», a affirmé, sous le couvert de l’anonymat, une source proche du poste de gendarmerie d’Agadez au nord du Niger. Cette même source qui a refusé de fournir plus de précisions sur les circonstances exactes de ce drame, a toutefois souligné que «d’autres passagers voyageant à bord du même véhicule ont été retrouvés sains et saufs».
D’après AïrInfo, un bimensuel indépendant édité à Agadez, les victimes sont mortes de soif après que leur véhicule, qui transportait une trentaine de passagers africains, est tombé en panne le 29 avril à 600 kilomètres d’Agadez, près de la frontière algérienne.
Une vingtaine de ces passagers ont pu donc avoir la vie sauve après avoir réussi à atteindre un point d’eau situé à quelque vingt kilomètres des lieux de la panne. Ce ne fut malheureusement pas le cas des onze victimes qui auraient, pour des raisons toujours inconnues, préféré rester sur les lieux de la panne et y périr. «Nous avons appris de source sûre que les victimes auraient pu être sauvées s’il y avait eu diligence de la part des autorités. Le message de secours était arrivé le 4 mai, mais n’a été communiqué aux gendarmes que le lendemain», déplore AïrInfo.
Principal trait d’union entre le l’Afrique subsaharienne et le Maghreb, le désert nigérien est devenu depuis plusieurs années la plaque tournante d’un florissant trafic d’armes, de drogue, de cigarettes et de véhicules volés.
Cette zone qui s’étend sur plusieurs kilomètres, très difficile à surveiller et très hostile, constitue également un passage privilégié pour les immigrés clandestins en provenance de pays subsahariens qui veulent rallier l’Europe via les pays du Maghreb.
L’Algérie s’est, depuis quelque années déjà, transformée d’une terre de transit en une terre d’accueil pour ces immigrants venus de tous les cieux.
A titre illustratif, la Gendarmerie nationale a traité durant l’année 2004 pas moins de 1.219 affaires liées à l’immigration clandestine. Le nombre de personnes arrêtées dans le cadre de ces affaires a, quant à lui, atteint les 6.217, dont 1.259 écrouées, 408 mises en liberté provisoire et 4.550 refoulées.
Les wilayas où l’on a enregistré le plus d’arrestations d’immigrants clandestins sont Tamanrasset et Illizi avec respectivement, 2.336 et 1.302 personnes arrêtées.
Par ailleurs, et sur la période qui s’étend sur les quatre premiers mois de l’année 2005, la Gendarmerie nationale a arrêté pas moins de 2.281 immigrants clandestins. L’analyse des statistiques de la Gendarmerie nationale de l’année 2004, qui classifie ces immigrants clandestins selon leurs nationalités d’origine, permet de constater la présence de 34 nationalités du continent africain.
Les pays du Sahel, à savoir le Mali et le Niger, sont largement représentés avec, respectivement, 1.675 et 2.041 clandestins arrêtés sur le territoire algérien.
H. Barti