Maghnia: Le dernier assaut
MAGHNIA
Le dernier assaut
Le Quotidien d’Oran, 8 octobre 2005
Les futures opérations d’élévation de la troisième barrière métallique pour isoler les enclaves de Ceuta et Melilla, frontières terrestres entre le Maroc et l’Espagne (séparées par une double clôture de 8 km et 12 km), les prochaines mises en place des systèmes de détection infrarouge et le renforcement des contingents militaires, la Guardia Civil, sont à l’origine de la quasi-désertion des refuges de fortune installés le long de l’oued Jorgy, à l’ouest de la ville de Maghnia, par les immigrés clandestins subsahariens.
Ce sont environ 2.000 clandestins qui ont quitté subitement la région pour engager avec leurs compatriotes déjà sur place dans un ultime assaut, une opération de force pour passer à l’autre rive. Craignant des complications supplémentaires futures, pour traverser la frontière à cause des nouvelles dispositions prises par les Espagnols et les opérations menées par les Marocains, les immigrants subsahariens qui se terraient à Maghnia ont décidé de partir massivement, au péril de leur vie, forcer le destin en forçant le mur métallique espagnol.
Seule une minorité de clandestins est restée sur place parmi laquelle des malades incapables de supporter la cavale, d’autres usés financièrement par les maintes tentatives ou certains traumatisés par le traitement des Marocains, lors de leur arrestation et leur refoulement sur le sol algérien. L’on signale qu’il ne se passe plus un seul jour sans que des candidats à l’émigration illégale ne mènent des assauts contre le double grillage séparant le nord-marocain des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla pour gagner l’Europe.
Des morts tragiques et des interpellations de clandestins sont aussi quotidiennes.
Ainsi des centaines de morts dans des conditions tragiques et plus de 6.100 personnes ont été interpellées depuis janvier 2005 au niveau des passages des 2 enclaves espagnoles, porte d’entrée de l’Europe. Si les réels objectifs du Maroc de sa coopération avec l’Espagne et sa négociation avec l’Union européenne dans la lutte contre l’immigration clandestine sont évidents et ne semblent par contre pas démunis d’intérêt, l’occasion pour accabler faussement l’Algérie n’a pas été ratée.
En effet, en plus de l’aide que le Maroc exige de l’Union européenne et pour laquelle Bruxelles a avancé préalablement le chiffre de 40 millions d’euros ainsi que d’autres avantages économiques pour le rapatriement des clandestins, le royaume tente la remise sur selle en douceur de l’idée naïve marocaine de la création d’un «Comité de Réflexion» maroco-espagnol pour annexer les villes de Ceuta et Melilla, en réconfortant cette idée par le refoulement de la frontière de l’Europe au-delà du détroit de Gibraltar ce qui supposerait la diminution de la pression migratoire clandestine.
Cheikh Guetbi