Plusieurs localités secouées par des émeutes

PLUSIEURS LOCALITÉS SECOUÉES PAR DES ÉMEUTES

L’été s’annonce mouvementé

Le Soir d’Algérie, 13 juillet 2005

A qui profite le plan de relance économique ? Certainement pas aux centaines de personnes qui envahissent régulièrement les rues des différentes villes. Les émeutes se suivent avec ce sentiment de ras le bol exacerbé qui se traduit fatalement par des expressions souvent violentes. L’incapacité des pouvoirs publics à gérer ce genre de situation, l’indifférence de l’administration centrale et les discours glorifiant la «promotion des zones reculées » ont fini par éroder le capital patience des habitants de ces régions.
Même les populations du sud du pays, connues pour leur sagesse légendaire, ne restent plus indifférentes aux provocations. Lorsqu’en pleine période de chaleur, à la limite du supportable, l’eau et l’électricité sont coupées, une seule interprétation peut être donnée : le mépris. Sinon comment expliquer que des localités entières subissent régulièrement coupures d’eau et délestage sans qu’aucune explication rationnelle soit fournie ? En plus de subir ce type de désagréments, les habitants du Sud ont été surpris par les hausses des prix de l’électricité. Avant même que ces augmentations ne soient décidées, ils faisaient déjà face à des factures astronomiques. Avec les hausses décidées, les factures seront certainement impossibles à supporter. Les habitants du Sud seront confrontés à un choix cornélien : celui de faire fonctionner les climatiseurs ou d’étouffer. A cette colère légitime, les autorités locales répondent par la répression, exacerbant ainsi un sentiment d’injustice. L’ordre public est l’unique préoccupation des walis et présidents d’APC. Leur souhait ? Ne pas se faire remarquer par l’autorité centrale et ne surtout pas figurer sur la liste des localités «à problèmes». Pour cela, ils ont tous recours au même procédé : sortir la matraque pour «maîtriser la situation». Les «émeutiers», traités comme de véritables criminels, sont arrêtés avant que des poursuites judiciaires ne soient engagées. A Tamanrasset, à El-Tarf, Djanet ou à Béchar le scénario est toujours le même : exaspérés, des jeunes et des moins jeunes sortent dans la rue, saccagent et scandent des slogans hostiles aux élus locaux, aux «responsables» qui n’ont pas su répondre à leurs attentes, qui ont fait la sourde oreille trop longtemps. Pour justifier leur faillite, ces mêmes responsables crient au scandale, à la manipulation politicienne. Une manœuvre tellement usitée qu’elle devient ridicule. A El-Taref, pour ne citer que cet exemple, trois localités ont été secouées par les émeutes. Après Hammam-Beni- Salah et Zitouna, c’était au tour de Bou- Hadjar de se révolter. La population a bloqué l’accès à la ville en barrant les RN 82 et 85. Motif de cette révolte, des coupures d’eau trop fréquentes alors que deux barrages, le Mexa et le Cheffia, sont censés alimenter régulièrement la commune. A Djanet, la mauvaise prise en charge des suites des intempéries a été à l’origine du soulèvement. Des exemples qui risquent de se multiplier, annonçant un été très chaud.
N. I.