Pour libérer les six Algériens détenus à Guantanamo
Pour libérer les six Algériens détenus à Guantanamo
Des avocats américains sollicitent l’aide de l’Algérie et de la Bosnie
Le Quotidien d’Oran, 24 janvier 2005
Stephen H. Oleskey et Peggy-Kuo, avocats américains des six Algériens (dont quatre sont également de nationalité bosniaque) détenus depuis trois ans dans la base américaine de Guantanamo Bay (Cuba), font appel aux autorités algériennes et bosniaques pour les aider à les libérer. Selon le quotidien Al Sharq Al Awsat, les deux avocats ont déjà rencontré à Sarajevo, des avocats, des juges, des procureurs généraux et des hommes politiques ayant eu à traiter des dossiers des six Algériens livrés aux Américains en janvier 2002, pour leur demander de contribuer à leur libération. Stephen H. Oleskey et Peggy Kuo ont déclaré avoir rendu visite aux prisonniers en décembre dernier. Ces derniers leur ont fait part de leur souffrance et de leur souhait de «retourner rapidement en Bosnie».
Par ailleurs, les deux avocats ont affirmé que la justice américaine a rejeté la plainte qu’ils ont déposée contre le gouvernement américain, mais qu’ils comptent se pourvoir en cassation car ils considèrent que leurs mandants ont été illégalement remis aux forces américaines alors qu’ils se trouvaient en Bosnie-Herzégovine en 2001, et que les USA n’ont aucune autorité pour les maintenir en détention.
Rappelons que Bensayah Belkacem, Hadj Boudellaâ, Saber Lahmar, Mustafa Aït Idir, Boumediène Lakhdar et Mohamed Nechle étaient détenus à Sarajevo depuis octobre 2000 et accusés d’avoir eu l’intention de commettre des attentats contre les ambassades américaines et britanniques.
Innocentés par la justice bosniaque, les six prévenus ont été livrés, le 18 janvier 2002 à leur sortie de prison, par la police bosniaque aux autorités américaines qui les ont internés dès le lendemain dans le camp X-Ray situé à Guantanamo Bay, à Cuba. Au nom de la «raison d’Etat», la remise de ces six Algériens a eu lieu au lendemain de la décision de la Cour suprême de Bosnie de mettre un terme à leur détention préventive. Elle est également en violation d’une décision de la Chambre des droits de l’homme de Bosnie-Herzégovine qui avait interdit la remise de quatre d’entre eux (de nationalité bosniaque) aux autorités américaines.
En avril 2003, la Cour bosniaque des droits de l’homme avait, elle aussi, confirmé que la décision des autorités bosniaques à l’encontre des Algériens, était une mesure arbitraire. La Cour a estimé que la Bosnie-Herzégovine et la Fédération croato-musulmane, l’une des deux entités du pays, ont violé plusieurs articles de la Convention européenne des droits de l’homme, intégrée dans la Constitution bosniaque, relatifs notamment à l’expulsion, à la détention illégale et à l’abolition de la peine de mort. Les familles des détenus ont intenté une action contre l’Etat bosniaque qui leur a offert des dédommagements pour un montant de 32.500 marks convertibles (15.000 euros) chacune. A ce jour, les autorités américaines n’ont pas justifié l’arrestation des «six Algériens de Guantanamo». Soupçonnés d’appartenir au réseau terroriste Al-Qaïda, ils sont détenus sans inculpation ni jugement. De son côté, l’Algérie ne s’est engagée dans aucune démarche pour libérer ou, du moins, pour obtenir des autorités américaines des précisions sur les chefs d’inculpation qui pèsent sur ces six compatriotes.
Mohamed Mehdi