L’ Algérie accusée d’instrumentaliser la question de l’émigration clandestine

L’ Algérie accusée d’instrumentaliser la question

Le Maroc sombre dans la dérive

El Watan, 17 octobre 2005

Le Maroc n’hésite pas, comme d’habitude, à tout mettre sur le dos de notre pays à chaque fois qu’il se trouve dans une position quelque peu délicate au plan international. Hier encore, le Premier ministre marocain, Driss Jettou, s’est permis, une fois de plus, d’accuser l’Algérie de faire des émigrants subsahariens un « outil de propagande » contre le Maroc dans le conflit du Sahara-Occidental.

« L’Algérie procède au rassemblement dans la région de Tindouf de candidats à l’immigration clandestine en vue d’en faire un outil de propagande dans le conflit du Sahara », a déclaré M. Jettou à la presse, au siège de son département à Rabat Décidément, la panique s’est emparée du royaume chérifien après qu’il eut mal géré le flux massif d’émigrants clandestins sur son territoire. Une ONG française, la Cimade, a dénoncé jeudi dernier, au retour d’une enquête au Maroc, les « traitements inhumains et dégradants » que des migrants africains y subissent depuis plusieurs semaines et les « pressions européennes », particulièrement espagnoles, qui ont conduit à ce drame humain. Certains titres de la presse sénégalaise ont publié, mercredi dernier, des témoignages accablants d’immigrants clandestins sénégalais expulsés du Maroc après avoir tenté d’rentrer en force dans l’enclave espagnole de Melila sur la maltraitance dont ils ont fait l’objet de la part des services de sécurité marocains et sur les souffrances qu’ils ont endurées après leur acheminement par camions et leur abandon dans le désert marocain et celui des territoires du Sahara-Occidental. Pour le Premier ministre marocain, « le Maroc remplit ses obligations et déploie des efforts importants pour faire face à des flux massifs de clandestins en provenance essentiellement des frontières algériennes ». Il déplore en revanche que « non seulement l’Algérie n’assume pas ses responsabilités en ce qui concerne le transit par son territoire, mais qu’en outre, elle opère des tentatives de manipulation en rapport avec la question nationale (Sahara-Occidental, ndlr) ». « Il est hors de question de laisser les ennemis de l’intégrité territoriale du royaume tirer profit de la misère et du désarroi d’êtres humains en quête d’accès à l’Europe et à des conditions de vie meilleures », a ajouté le Premier ministre. Le Maroc continuait hier à refouler les émigrants subsahariens vers leurs pays respectifs par avion. Plus de 2200 émigrants sénégalais et maliens ont pu faire le voyage vers leur pays d’origine en une semaine, selon un décompte effectué par l’AFP à partir des chiffres donnés par les officiels. Le gouvernement marocain dénonce une « instrumentalisation par l’Algérie et le Polisario de la problématique fort complexe de l’émigration à des fins totalement déplacées de propagande », a souligné Driss Jettou. Le Front Polisario a annoncé hier avoir recueilli depuis le 12 octobre un total de 92 migrants africains refoulés par le Maroc. Les 92 clandestins africains, de neuf nationalités, ont été retrouvés par petits groupes en territoire contrôlé par le Polisario sur une distance de 260 km, non loin du mur militaire de défense marocain, qui partage le Sahara-Occidental en deux sur quelque 2300 km, a précisé le coordinateur du Polisario pour la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara-Occidental (MINURSO), Mohamed Kheddad.

R. Bel