Les services de sécurité néo-zélandais veulent renvoyer Zaoui en Algérie
Après l’adoption de la charte pour la paix et la réconciliation nationale
Les services de sécurité néo-zélandais veulent renvoyer Zaoui en Algérie
par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 15 octobre 2005
Les services de sécurité néo-zélandais envisagent de recourir à nouveau à la justice pour tenter de la convaincre d’accepter de renvoyer Ahmed Zaoui en Algérie, après l’adoption à une très large majorité de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.
C’est ce qu’a fait savoir Tony Ryall, député du parti national néo-zélandais dans un entretien à la radio nationale néo-zélandaise, rapportait avant-hier la presse locale. «Le gouvernement devrait tenir compte de la situation en Algérie après l’avènement d’un plan de paix qui garantirait la sécurité à Ahmed Zaoui», l’ancien député du FIS dissous arrivé en Nouvelle-Zélande en novembre 2003, a estimé M. Ryall.
Il avait été, depuis, emprisonné pendant deux ans au motif qu’il représentait une menace pour la sécurité intérieure du pays. Après avoir obtenu le statut de réfugié en août 2004, il a été libéré sous caution et placé en résidence surveillée en décembre de la même année, avec toutefois la menace d’une expulsion au cas où les services de sécurité apporteraient la preuve matérielle que sa présence en Nouvelle-Zélande constitue une menace.
Le ministre de l’Immigration Paul Swain a indiqué qu’aucune décision ne sera prise à l’encontre de M. Zaoui avant que l’inspecteur général des renseignements et de la sécurité, Paul Neazor, n’aura achevé l’examen de l’attestation de sécurité, le document sur la base duquel l’ancien député de Médéa a été mis en détention et qui a servi à le qualifier de menace pour la sécurité.
«Si l’Algérie se dirige vers une ère de réconciliation nationale et que les autorités ont ouvert les portes aux dirigeants politiques non impliqués dans des actes de violence, il n’existe, dès lors, aucun obstacle au retour de M. Zaoui dans son pays», a soutenu M. Ryalls.
L’argument n’est toutefois pas partagé par l‘avocate de l’Algérien, Me Deborah Manning, qui a souligné sur les ondes de la même radio que «rien dans le plan de paix ne garantit à M. Zaoui une impunité et que, par ailleurs, les risques d’être la cible des groupes armés ou d’attentat contre sa personne sont encore présents».
Ahmed Zaoui, 46 ans, avait été autorisé, six mois après sa libération de prison, par la cour d’appel de Wellington à demeurer en Nouvelle-Zélande. La cour d’appel avait conclu alors que c’est aux services d’immigration de demander, conformément à la loi, le déclenchement de la procédure d’expulsion.
Or, les services de l’immigration avaient à plusieurs reprises réclamé, lors de sa détention, sa libération et lui avaient même accordé pendant son incarcération le statut de réfugié. La cour a également ordonné aux autorités de ne plus envisager, en aucun cas, une autre procédure contre M. Zaoui, aussi longtemps qu’il n’enfreindra pas la loi, et s’ils considéraient que sa vie serait en danger s’il venait à être hors de la Nouvelle-Zélande.
Hébergé depuis sa libération dans un centre caritatif épiscopal à Auckland, M. Zaoui est mis sous la surveillance des services de sécurité et des renseignements néo-zélandais qui avaient mis notamment son téléphone sur écoute. Z. M.