L’Espagne régularise 800 000 clandestins dont 6 000 Algériens
par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 2 janvier 2005
Quelque 800 000 immigrants clandestins, parmi eux des milliers d’Algériens qui résident en Espagne seront régularisés par le gouvernement socialiste espagnole à partir de ce mois. C’est ce qu’a annoncé avant-hier le ministère espagnol du Travail et des Affaires sociales qui a précisé qu’un décret a été promulgué à cet effet.
La nouvelle procédure permet aux sans-papiers de déposer des dossiers pour l’obtention de la carte de séjour dans un délai de trois mois à partir de la nouvelle année. Les candidats éligibles doivent toutefois prouver qu’ils ont séjourné pendant au moins six mois avant la date de la publication du décret et qu’ils sont en possession d’un contrat de travail d’au moins six mois.
Toutefois le gouvernement espagnol a établi des précisions sur la durée de contrat selon le secteur d’activité afin de donner le maximum de chances aux immigrants qui sont entrés en Espagne six mois avant la publication du décret et qui ont un emploi.
Dans le secteur de l’hôtellerie et du bâtiment, la durée du contrat peut être discontinue, mais doit totaliser au moins six mois de travail par an. Dans le secteur agricole qui embauche le plus grand nombre d’immigrants clandestins, notamment des ouvriers saisonniers, la durée peut être réduite à une période cumulée de trois mois, alors que pour les employés de maison la durée est fixée à seulement trente heures.
Le texte de loi qui a été approuvé par le gouvernement, le patronat, les syndicats et les associations espagnoles est destiné, selon ses promoteurs, à lutter contre «l’économie souterraine», allusion au recrutement en noir des immigrants clandestins considérés comme une main-d’œuvre très bon marché.
Ce décret apporte toutefois une nouveauté puisqu’il oblige, pour la premier fois, l’employeur à faire les démarches nécessaires pour régulariser la situation de son employé. Cette nouvelle législation profitera le plus pour les immigrants d’Amérique latine et du Maghreb dont la population clandestine est estimée à 100 000 personnes.
Les clandestins algériens sont estimés à 6 000 éparpillés notamment dans le sud de la péninsule ibérique y compris ceux qui séjournent dans le centre d’accueil de la province de Mellila, l’enclave espagnole au Maroc. Quelque 180 Algériens résidant actuellement dans le centre de séjour temporaire pour immigrants clandestins (CETI) devraient également être inclus dans cette opération.
Au total, la communauté algérienne en situation régulière en Espagne est estimée à 17 000 individus. Selon les chiffres officiels, entre 800 000 et un million de personnes se trouvent actuellement en situation irrégulière sur le sol espagnol.
Quelque 1 380 Algériens ont bénéficié de l’asile humanitaire durant les quatre dernières années en Espagne. La législation espagnole est la seule en Europe à tenir compte des motifs humanitaires dans l’octroi du droit de séjour. Avant d’engager cette nouvelle vague de régularisations, les autorités espagnole avaient procédé à l’expulsion de 88 393 clandestins dont des Algériens entre janvier et septembre 2004.
Z. M.