Le dossier de Mohamed Cherfi est toujours à l’étude au gouvernement
http://www.matin.qc.ca/canada.php?article=20050315162738 , 15 mars 2005
Le ministère québécois de l’Immigration est en train de réévaluer le dossier de Mohamed Cherfi, a indiqué mardi la ministre Lise Thériault.
« On me demande de m’assurer que le traitement du dossier sera juste, impartial et en conforme aux lois. On évalue son dossier », a déclaré la ministre Thériault alors qu’elle était interrogée par la presse à sa sortie de l’Assemblée nationale.
Mme Thériault croit que cet examen sera complété avant que les Américains n’expulsent le réfugié algérien vers son pays d’origine.
Un groupe de sympathisants de M. Cherfi a réclamé mardi matin l’intervention immédiate des gouvernements canadien et québécois pour le sauver, et préserver ainsi la réputation internationale du Canada en matière d’accueil des étrangers.
Mohamed Cherfi actuellement emprisonné aux Etats-Unis après avoir été arrêté alors qu’il s’était réfugié dans un temple religieux de la ville de Québec, est menacé de déportation dans son pays d’origine l’Algérie, où sa sécurité serait menacée.
« Nous demandons au ministre fédéral de l’Immigration Joseph Volpe d’accorder un permis de séjour temporaire à M. Cherfi pour des raisons humanitaires », a déclaré le pasteur Gérald Dubé, porte-parole du comité de parrainage de Cherfi et curé de l’église où ce dernier a été arrêté le 5 mars 2004.
On demande aussi à la ministre québécoise de l’Immigration, Mme Lise Thériault, de traiter « avec justice et équité » la demande de parrainage de M. Cherfi. Selon le groupe de soutien du réfugié algérien, ce dernier n’aurait pas bénéficié d’un traitement correct lorsqu’il a été récemment interrogé par un fonctionnaire du ministère.
Mohamed Cherfi, un citoyen d’origine algérienne arrivé au Québec il y a six ans, a été arrêté en mars 2004 au moment où il s’était réfugié à l’Eglise unie Saint-Pierre, dans le Vieux-Québec. Il a été par la suite livré aux autorités américaines.
Ses défenseurs, dont sa conjointe québécoise, Louise Boivin, soutiennent que son expulsion vers son pays d’origine menace sa sécurité et sa vie. Ils réclament qu’on lui accorde un statut de réfugié, et plaident que sa conduite fut toujours exemplaire.
Cherfi a obtenu plusieurs appuis de marque, dont celui du cardinal de Québec, Mgr Marc Ouellet, du maire de Québec Jean-Paul L’Allier, et de 250 groupes de défense des droits de la personne.
Prié d’intervenir, le consulat canadien à Buffalo a soutenu qu’aucune évidence ne prouvait que Cherfi serait maltraité une fois de retour en Algérie. Cet avis n’est pas partagé par plusieurs groupes québécois, notamment la Ligue des droits et libertés et Amnistie internationale.
Selon le directeur local d’Amnistie Internationale, Michel Frenette, le retour forcé de Cherfi en Algérie « mettrait sa sécurité en danger car l’actuelle situation des droits humains dans ce pays demeure fort préoccupante ».
Les défenseurs de Cherfi admettent que ce dernier a refusé de faire son service militaire dans son pays, notamment parce qu’il est en désaccord avec le comportement répréhensible de l’armée algérienne dans un pays déchiré par une guerre civile depuis 1992.
Pour sa part, Mme Agnès Maltais, députée péquiste de Taschereau, s’est interrogée sur la volonté réelle des gouvernements fédéral et québécois d’intervenir dans ce dossier.
« Un homme est emprisonné depuis un an aux États-Unis, loin de sa famille, pendant que la ministre du Québec étudie encore le dossier, a déclaré Mme Maltais. La déportation de Mohamed Cherfi vers l’Algérie signifie l’abolition pure et simple de ses droits les plus fondamentaux ».
La députée de Taschereau note aussi que « nous n’avons jamais obtenu de réponses satisfaisantes sur les circonstances ayant mené les forces policières à violer un sanctuaire, ce qui constitue un bris inacceptable de la tradition du droit d’asile ».