La chasse aux clandestins

L’Algérie veut activer le processus de Barcelone

La chasse aux clandestins

La Nouvelle République, 4 avril 2005

La migration de la main-d’œuvre pour l’intégration et le développement dans l’Euromed, l’Afrique orientale et occidentale fait l’objet depuis hier d’un séminaire de renforcement de capacités qui prendra fin demain à l’hôtel Riadh de Sidi Fredj, à Alger.
L’allocution du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh, a été explicite sur la politique adoptée par notre pays relative au thème dudit séminaire.
Pour le ministre, le traitement de la question a jusque-là «privilégié l’aspect sécuritaire sans pour autant apporter un développement à travers un dialogue complet».
Aussi, il fera savoir que l’Algérie ne constituera pas un espace de «centres de transit d’immigrants», mais qu’elle aura à peser de tout son poids pour «une meilleure coopération entre le Nord et le Sud. Et de préciser : «Nous sommes de ceux qui veulent redynamiser le processus de Barcelone.»
Sachant que la migration internationale est un phénomène complexe et qui prend de l’ampleur pose des problèmes aux Etats sur le double plan socio-économique et juridique, les personnes qui se déplacent à la recherche d’un travail pour assurer leur existence, fuyant les affres de la pauvreté, le manque de perspectives dans leurs pays d’origine, des pays sous-développés, ou fuyant les guerres.
Les conclusions de la conférence ministérielle du dialogue 5+5 tenue à Alger en septembre dernier a souligné que «certains obstacles à une gestion efficace des migrations de main-d’œuvre persistent».
D’ailleurs, le projet mis en œuvre par le BIT dont l’Union européenne a financé la plus grande partie, visant l’accompagnement des gouvernements et des partenaires sociaux pour définir une gestion globale de la migration de la main-d’œuvre, est limité jusque-là dans sa dimension sécuritaire. Les pays riches doivent être encore plus engagés dans l’aide au développement des pays du Sud. De son côté, Sidi Saïd, le patron de l’UGTA, tout en évoquant à l’assistance l’expérience des onze tripartites en Algérie depuis 1990, voire pendant la difficile période du terrorisme islamiste, dira que «la tripartite en Algérie est réelle» et est «un vain mot au niveau internationale», arguant qu’il y a eu un envoi d’un mémorandum aux 5+5 sans pour autant qu’il y ait eu quelque réponse que ce soit.
Notons que ce séminaire a pour objectifs de renforcer les capacités de ses mandants à gérer la migration comme un instrument de développement, de promouvoir le dialogue social, d’encourager le débat politique, de développer que l’idée de la migration de la main-d’œuvre est un facteur majeur de l’intégration régionale et enfin de renforcer la collaboration entre l’Afrique de l’Est, de l’Ouest, le Maghreb et l’Europe sur la question. Cela étant, «la maîtrise des données», dira le ministre de l’Emploi et de la Solidarité, M. Ould Abbas, est importante pour dégager les solutions et la mise en place de mécanismes permettant un début de contrôle de cette donne.
De son côté, le représentant de l’équipe Migrants-Genève, M. Patrick F., a soutenu, lors de son allocution, qu’«il y a lieu d’inciter la tripartite, d’améliorer les connaissances…».
Et en vue de garantir la réussite de ce séminaire, celui-ci doit aboutir à des résultats concrets, à savoir «inciter la tripartite à faire de la question de la migration une priorité», lit-on. Dans le but de la poursuite du débat régional et de fournir une plate-forme de consultation et de dialogue social, l’OIT compte organiser des séminaires régionaux dans chaque région définie dans le projet, en collaboration avec le Centre international de formation de l’OIT de Turin, à l’exemple de celui, le premier, qu’Alger abrite depuis hier.