“Les camps de transit ne régleront rien”

Gunter Gloser, porte-parole des affaires européennes au sein du Spd

« Les camps de transit ne régleront rien »

Par Salim Tamani  , Liberté, 18 décembre 2004 

Le député soutient que cette proposition aggravera le phénomène de l’extrémisme que connaît la rive sud de la méditerranée.

L’immigration et le terrorisme constituent des dossiers d’une brûlante actualité en Allemagne. Si le débat est, aujourd’hui, concentré autour de la question de l’adhésion de la Turquie à l’union européenne avec son lot d’arguments et  de contre-arguments, Berlin en est à un autre chapitre : comment renforcer ses liens avec les pays du Maghreb que l’Allemagne a longtemps délaissés.
Gunter Gloser, porte-parole des affaires européennes au sein du SPD (parti de Gerhard Schröder) et président du groupe parlementaire, chargé des états du Maghreb, reconnaît que l’Allemagne avait accordé une nette importance aux pays de l’Est et à leur adhésion à la zone euro par rapport au maghreb qui n’était pas jusque-là dans sa zone d’influence. Gunter Gloser, qui nous a reçus dans son bureau au deutscher Bundestag, rejette la proposition émise par certains pays européens d’installer dans la région de l’Afrique du nord des centres de transit pour filtrer l’immigration.
L’Algérie avait émis une fin de non recevoir à cette idée, lors de la réunion des 5 + 5, qui a eu lieu à Oran en novembre dernier.
« Ici en Allemagne, nous ne sommes pas d’accord avec cette idée. Les campsne vont pas résoudre le problème, mais contribueront au contraire à l’aggraver.Le dialogue doit être maintenu avec la rive sud pour trouver les solutionsidoines », dit-il en précisant cependant : « l’Europe n’est pas en situationde prendre plus de gens. » Le député avance comme exemple son paysoù les turcs constituent dans certaines villes plus de 10% de la population.En fait, Berlin ne veut plus d’une immigration anarchique comme c’étaitle cas après la Seconde guerre mondiale, mais opte pour celle qui seraitstrictement limitée et régulée. C’est dans ce sens qu’uneloi votée par le Bundestag, et qui entrera en vigueur à partirdu 1er janvier 2005, engendrera une « ouverture du marché de l’emploi aux étrangershautement qualifiés, c’est-à-dire aux ingénieurs, étudiantset scientifiques, une politique d’intégration moderne et une améliorationdu droit d’asile ».
Désormais, les personnes hautement qualifiées peuvent obtenir immédiatement un permis de résidence, et les étudiants étrangers peuvent chercher un travail après l’acquisition de leur diplôme.
Gunter Gloser soutient, cependant, qu’il serait plus intéressant d’offrir à l’avenir aux pays du sud des possibilités d’épanouissement et de développement qui leur manquent cruellement maintenant. Si l’Allemagne est décidée à engager une stratégie de filtrage des immigrants, il n’en demeure pas moins qu’elle tente d’impulser une certaine dynamique d’investissement dans les états de la rive sud. Et c’est dans cet objectif qu’il faut situer les récentes visites du chancelier Gerhard schröder en Algérie et en Libye. « L’exemple de l’Algérie avec 70% de la population dont l’âge est moins de 30 ans, fait rêver l’Allemagne qui aurait aimé avoir un tel atout, c’est pour cela que je dis que les jeunes doivent avoir des perspectives pour un système scolaire moderne, l’emploi et le logement pour que l’immigration ne soit pas la seule et unique solution », soutient le parlementaire.  Bien entendu, l’Allemagne, qui vit actuellement une crise économique, veut aussi conquérir d’autres marchés plus porteurs à l’instar de ceux de l’Asie.