70 Algériens sont arbitrairement détenus en Espagne
FEDERATION DES ASSOCIATIONS DES ALGERIENS EN EUROPE
70 Algériens sont arbitrairement détenus en Espagne
Le Soir d’Algérie, 31 octobre 2006
La Fédération des associations des Algériens en Europe, qui se compose en fait d’associations activant en Espagne, a animé une conférence de presse, hier, au siège de la maison de la presse Tahar-Djaout à Alger. Au menu de cette rencontre avec la presse ont figuré les problèmes des Algériens soupçonnés d’activités terroristes détenus en Espagne, l’émigration clandestine ainsi que diverses préoccupations liées au séjour des Algériens en Espagne.
Farid S. – Alger (Le Soir) – La fédération, mise sur pied le 8 mai 2006, a indiqué qu’elle suit de près et prend en charge, à travers un comité créé à cet effet, le problème des 70 Algériens soupçonnés d’appartenance à des organisations terroristes détenus en Espagne. Pour le président de la Fédération, Belmeddah Noureddine, il est certain que parmi les 70 détenus, il en existe qui le sont à tort. Aussi, sa fédération agit-elle dans le sens de les libérer ou à tout le moins leur garantir des procès équitables et dans des délais raisonnables. Dans le sillage de cette dénonciation «de la détention arbitraire» dont seraient victimes 70 Algériens, Belmeddah a pointé un doigt accusateur à l’encontre de Farouk Ksentini, qui, selon lui, aurait empoché un honoraire équivalent à 6000 euros sans avoir plaidé la cause de Ahmed Ibrahim. «Farouk Ksentini, contrairement à ce qui a été rapporté, n’a jamais été l’avocat de Ahmed Ibrahim. Il est vrai qu’il a assisté à deux audiences, mais lors de chacune d’elles, il s’est abstenu de plaider. Pourtant, il a réclamé des honoraires qu’il a reçus. La famille de Ahmed Ibrahim lui a remis 6000 euros, soit 3000 euros pour chacun de ses déplacements en Espagne. Ksentini a réclamé ces honoraires comme frais de mission et frais de séjour», a affirmé Belmeddah. L’orateur s’est par ailleurs félicité que l’Etat algérien ait décidé de prendre en charge le dossier des 70 détenus, évoquant, à titre d’illustration, la convocation pour information du juge antiterroriste espagnol. S’agissant de l’émigration clandestine, un phénomne qui a pris sérieusement racine en Algérie, son camarade, vice-président de la fédération, Saïd Barkia, a indiqué qu’ils sont plusieurs dizaines d’Algériens à avoir débarqué clandestinement sur les côtes espagnoles ces derniers temps. Il a révélé que parmi ces dizaines de harraguas, figurent des mineurs, dont huit, a-t-il dit, se trouvent dans un centre approprié à Almeria. Barkia craint que le phénomne ne prenne des proportions davantage alarmantes, avec l’implication de «la maffia», comme c’est le cas pour le Maroc voisin. Et comme pour dissuader les potentiels candidats à la périlleuse aventure, il a informé que les autorités espagnoles ne prévoient pour l’heure aucun programme d’emploi pour les émigrants. Mais la solution au probléme, pense-t-il , confine en l’assouplissement des procédures d’obtention de visa. «Nous revendiquons un quota de visas équivalent à celui dont bénéficient les Marocains et les Tunisiens». La fédération, qui agit exclusivement en Espagne, du fait de sa composante associative qui active uniquement en terre ibérique, réclame également l’ouverture d’un consulat ou d’une annexe consulaire en Andalousie, et ce, pour rapprocher l’administration des citoyens. Elle revendique aussi le renforcement des flottes navales et aériennes algériennes vers l’Espagne. La fédération a dénoncé par ailleurs la corruption ou «le bakhchich» qui se pratique au niveau du port et de l’aéroport d’Oran. «J’ai dû moi-même donner une paire de chaussures au douanier pour qu’il mette fin au supplice qu’il me faisait subir à fouiller ma voiture et à me faire attendre. Il m’en a fait la demande express», a avoué Berkia. Les associations des Algériens établis en Espagne ont, avant qu’elles ne se structurent en fédération, fait œuvre utile à l’endroit du pays : des aides pour les familles sinistrées suite au séisme de Boumerdès en 2003, la construction à Chlef d’un centre pour mongoliens et un autre, en projet, à Relizane et enfin un autre mégaprojet, portant construction d’un centre pour orphelins à Blida. Ces projets, ont indiqué les conférenciers, sont financés par le gouvernement espagnol dans le cadre du budget qu’il destine à la coopération internationale.
F. S.