Amnesty International plaide en faveur des demandeurs d’asile algériens

La crise persiste en Algérie, selon elle

Amnesty International plaide en faveur des demandeurs d’asile algériens

Par Mohamed Zaâf , Le Jeune Indépendant, 20 août 2003

Dans un document publié récemment, Amnesty International invite les personnes chargées dans les pays de l’UE de statuer sur les demandes d’asile à «continuer de prendre très au sérieux celles qui émanent de ressortissants algériens».

L’ONG justifie cette demande par le fait que «le niveau de violence et le nombre de cas d’atteintes aux droits humains signalé en Algérie restent très élevés».En outre, «la capacité et la volonté des autorités algériennes d’accorder leur protection aux victimes est très incertaine» souligne-t-elle.

Le document de quinze pages avait été remis par Amnesty International aux responsables européens chargés de la politique en matière de demande d’asile à la veille de la réunion de l’UE en décembre dernier, sur la situation des droits humains en Algérie.

Ce document d’information a été rédigé pour répondre à des questions spécifiques soumises à Amnesty International par la commission européenne.Il est particulièrement destiné aux personnes devant statuer sur les demandes d’asile qui «ne sont peut-être pas conscientes de l’ampleur véritable des atteintes persistantes aux droits humains en Algérie», suppose l’ONG évoquant «les difficultés pour recueillir des informations» dans le pays.

Amnesty International compte publier en automne prochain un nouveau rapport sur l’Algérie dans lequel elle compte «mettre en avant certains de ses principaux sujets de préoccupation».Elle y abordera notamment «la persistance du recours à la torture et la détention secrète».

Elle y traitera aussi de «l’absence de progrès» sur la question de l’impunité, «en raison de la réticence généralisée à mener des enquêtes sur les atteintes, présentes ou passées, aux droits humains».Comme elle y soulignera «la nécessité de traduire en justice les responsables de ces agissements».

Amnesty qui affirme ne pas avoir constaté d’«amélioration sensible en Algérie depuis la période comprise entre 1999 et 2002, estime que la situation des droits humains «n’a pas fondamentalement changé dans le pays, en dépit de la rhétorique officielle».

Aussi, «vu la situation des droits humains en Algérie, Amnesty International n’est pas surprise par le nombre important de demandes d’asile qui continuent d’être déposées par les Algériens en Europe, entre autres».Pour elle, «le besoin de protection» du demandeur d’asile «reste réel et impérieux, bien qu’il soit généralement admis que chaque demande doit faire l’objet d’un examen individuel, cas par cas».

Amnesty International qui avoue ne pas être en mesure de donner une liste exhaustive des personnes qui restent «vulnérables» en Algérie, n’en affirme pas moins sa préoccupation pour «les personnes ayant des liens réels ou supposés avec des groupes armés, les opposants notoires ou présumés au système politique et les défenseurs des droits humains».

Les proches de ces personnes et leurs amis, quel que soit leur sexe ou leur âge, «risquent également d’être victimes d’atteintes à leurs droits fondamentaux», fait observer l’ONG. M.Z.